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Déploiement en Ukraine : une initiative dangereuse, sans objectifs clairs ni stratégie cohérente.

Aujourd'hui, les dirigeants européens se sont réunis à Paris pour un sommet de la « coalition des volontaires » visant à renforcer le soutien à l'Ukraine.

La réunion a rassemblé plus de 30 dirigeants de pays européens, de l'OTAN et de l'UE, dans le but d’intensifier l’aide militaire et de discuter des garanties de sécurité à long terme pour l'Ukraine.

Le sommet visait à finaliser les garanties de sécurité et à envisager le déploiement de troupes de maintien de la paix, bien que les détails restent flous.

L’annonce par Emmanuel Macron et Keir Starmer d’un possible envoi de troupes franco-britanniques en Ukraine, sous couvert de « maintien de la paix », suscite de vives critiques parmi les experts militaires et stratégiques. Loin d’être une réponse mesurée, cette initiative apparaît comme un théâtre politique risqué, dépourvu d’objectifs de guerre clairs et ignorant les principes fondamentaux de la dissuasion nucléaire.
Une mission floue, des objectifs incohérents
D’après des sources militaires britanniques citées par The Telegraph (23/03/2025), le plan de Starmer semble davantage relever d’une « mise en scène politique » (« Political Theatre ») que d’une stratégie réaliste. Les critiques portent sur :

L’absence de mandat clair : Aucun accord de paix n’étant en place, ces troupes ne pourront pas jouer un rôle de médiation crédible.

Le flou sur leur mission : S’agit-il de protéger des zones ukrainiennes ? D’entraîner des soldats ? D’intervenir en cas d’offensive russe ? Aucune réponse précise n’est fournie.

Le risque d’enlisement : Sans lignes rouges clairement définies, ces soldats pourraient passer de « casques bleus » à belligérants directs en quelques heures.

Comme le résume un officier britannique : « Envoyer des troupes sans objectif militaire précis, c’est les exposer inutilement. C’est de la politique spectacle, pas de la stratégie. »

Une violation des principes de base de la dissuasion nucléaire
Le déploiement de troupes de deux puissances nucléaires, la France et le Royaume-Uni, dans une zone de guerre totale impliquant une troisième puissance nucléaire, la Russie (première puissance nucléaire mondiale en termes d’armes et de vecteurs), constitue une aberration stratégique.

Le principe fondamental de la dissuasion : On évite tout face-à-face direct entre nations dotées de l’arme atomique, car un incident (tir accidentel, escalade locale, provocations, etc.) pourrait déclencher une spirale incontrôlable.

Un précédent gravissime : Si des soldats français ou britanniques sont tués par des forces russes (ou inversement), la tentation de riposter – y compris par des frappes conventionnelles étendues – deviendrait politiquement irrésistible. Or, dans un tel scénario, Poutine a explicitement menacé d’utiliser « tous les moyens disponibles ».

Un prétexte à l’escalade ?
Cette initiative crée un risque calculé :

Provocation indirecte : En plaçant des troupes occidentales sur le terrain, on augmente mécaniquement les chances d’un incident. Une attaque russe (volontaire ou non) contre elles pourrait alors servir de justification à une intervention plus large.

Jeu dangereux pour l’Europe : La France et le Royaume-Uni, en agissant sans coordination claire au sein de l’OTAN, pourraient entraîner le continent dans une guerre dont personne ne veut – et dont personne n’a défini les limites.

Les Européens, divisés par des réticences fortes face à l’initiative franco-britannique, mettent principalement Washington au défi et non Moscou. Le positionnement pris par Macron et Starmer lors de ce sommet de la « coalition des volontaires » met la Russie en position de force dans les négociations en cours avec les États-Unis. Ces derniers apparaissent faibles et donnent toute latitude à la Russie de poursuivre sa guerre d’attrition et sa lente conquête de l’Ukraine. Les Russes peuvent en effet argumenter que tant que les Européens ne s’alignent pas sur les Américains, toute négociation est de facto caduque.

« Londres et Paris continuent d'élaborer des plans d’intervention militaire en Ukraine. Tout cela est déguisé en une sorte de mission de maintien de la paix », a déclaré Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

Une provocation organisée contre les Américains et Donald Trump

Volodymyr Zelensky, lors d'une interview sur France 2 le 26 mars, a affirmé que Donald Trump pourrait mettre fin à la guerre en 24 heures, en acceptant l’Ukraine dans l’OTAN – un point rejeté par Trump, Mark Rutte (Secrétaire général de l’OTAN) et même Joe Biden.

Zelensky a aussi déclaré que la Maison Blanche avait « adopté la propagande et le narratif du Kremlin » et a exprimé son mécontentement à l’égard des déclarations de Steve Witkoff, envoyé américain chargé de négocier un cessez-le-feu.

On peut être certains que Donald Trump goûtera fort peu ces piques clairement qui lui sont clairement destinées.

Jouer avec le feu
Macron et Starmer prétendent « stabiliser » l’Ukraine, mais leur plan manque de cadre légal, d’objectifs militaires clairs et de prise en compte des risques nucléaires. Soit ils ignorent les fondamentaux stratégiques – ce qui est grave –, soit ils les connaissent et acceptent délibérément le danger. Dans les deux cas, c’est une faute historique.

Par ailleurs, l’attitude des Européens favorise la position des durs du régime au Kremlin. Ces derniers ne veulent pas d’un cessez-le-feu : d’une part, l’économie russe, non seulement résiliente mais en forte croissance (contrairement à l’économie européenne), et d’autre part, la Russie engrangeant des succès géopolitiques, notamment avec le développement des BRICS, préfèrent continuer la guerre, d’autant que l’armée russe étouffe chaque jour un peu plus une armée ukrainienne exsangue.

La position des Européens ultra-engagés (Macron, Starmer, von der Leyen en tête) leur donne un prétexte pour poursuivre la guerre. Le Kremlin, en effet, a maintes fois affirmé qu’il ne souhaite pas un « cessez-le-feu », mais un règlement global et un traité international en la matière. Il refuse l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et le déploiement de troupes de l’OTAN en Ukraine. Cette guerre est existentielle pour la Russie, et la position européenne les incite à continuer, prenant ainsi tout ce qu’ils peuvent, à savoir l’est de l’Ukraine au-delà du Dnipro, ainsi qu’Odessa. Le temps joue en faveur de la Russie.

Une hypothèse :
Cette détermination renouvelée et belliciste de Zelensky, Macron, Starmer et von der Leyen – bien que les moyens réels fassent défaut – pourrait être le fait des néocons américains, menacés d’une défaite stratégique en Ukraine et de l’effondrement de tout ce qu’ils ont construit depuis 1994. Après leur défaite lors des dernières élections présidentielles américaines, certes leur pouvoir a diminué, en particulier aux États-Unis, mais ils restent puissants, notamment au sein de l’Union européenne, où de nombreux dirigeants actuels leur doivent beaucoup pour leurs carrières et partagent leur vision d’un monde occidental dominé par les États-Unis.

Sous couvert de « défense de l’Ukraine » et de « défense des valeurs européennes », ils pourraient jouer ce coup dangereux pour tenter un double objectif : maintenir vive la flamme néoconservatrice jusqu’aux prochaines élections américaines et accélérer le processus de fédéralisation de l’Union européenne, en substituant un choix éclairé des peuples (par exemple, via des référendums) par une peur entretenue d’une invasion russe improbable.

Ce qui inquiète également dans ce contexte tendu avec des dirigeants jouant avec es allumettes à côtés de barils de poudres, c'est l'unanimité craintive, ou le silence gêné, de la quasi totalité de la classe politique en Europe et en particulier en France.

Que ce projet réussisse ou échoue, il aurait pour corollaire ce que la RAND avait clairement écrit dès 2018 : le sacrifice de l’Ukraine. Et cela, Macron, Starmer, von der Leyen et Zelensky le savent parfaitement.


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