Blue Labour : découvrir la doctrine Starmer pour un conservatisme social au Royaume-Uni
Les élections législatives allemandes de février 2025 sont venues parachever une longue série d’échecs des démocraties libérales occidentales. Face au reflux du SPD et de la CDU qui formeront bientôt un gouvernement de « grande coalition », l’AfD conforte sa position d’acteur du renouveau politique. Notre libéralisme démocratique s’était vendu comme une promesse d’émancipation et de prospérité. Il convulse désormais à l’échelle du continent dans une crise de sens — entre inégalités abyssales et solitude généralisée. Le rêve d’un individu affranchi de toutes les tutelles s’effondre sur lui-même : à force de déconstruire, il ne reste plus rien. Ni peuple, ni nation, ni structures intermédiaires pour amortir la chute. Juste un face-à-face glaçant entre l’État et l’individu, un marché globalisé qui broie les existences et des démocraties à bout de souffle.
Dans cet interrègne politique, la Grande Bretagne est frappée des mêmes maux. Mais sa réponse électorale fait figure d’exception.
Le Blue Labour est aujourd’hui en passe d’imposer son hégémonie dans le dispositif de Keir Starmer.
Renaud Large
La victoire travailliste de juillet 2024 semble remonter le courant, malgré le poids électoral du parti Reform et de son leader Nigel Farage. Le Labour accède au pouvoir, à contre-temps d’une montée des eaux illibérales. Mais le cabinet Starmer n’est pas seulement le résultat du mouvement mécanique de balancier d’une pendule démocratique rouillée : dans l’opposition, certains travaillistes ont établi une feuille de route précise. Ils s’installent sur une assise idéologique robuste. Ils ont tiré les leçons des erreurs du New Labour et de leur dernière expérience du pouvoir, mais aussi des errements du corbynisme. Si les tories ont quitté le pouvoir dévitalisés, les travaillistes ne s’inscrivent pas uniquement « contre ». Ils essayent de développer une armature intellectuelle instruite des errements du libéralisme agonisant.
Starmer et son gouvernement ont pris une direction singulière en renouant, au moins en partie, avec une tradition politique délaissée : le Blue Labour.
De Maurice Glasman à Keir Starmer, comment le Blue Labour a conquis le pouvoir au Royaume-Uni
Parmi les influences actuelles du résident du 10 Downing Street, ce courant occupe en effet une place de choix. Le Blue Labour est propulsé par une dynamique politique transversale qui le rend irréductible à une aile droite ou à une aile gauche du parti. Conservateur, il s’est affranchi de l’héritage culturellement plombant des années Corbyn. Progressiste, il a permis de sortir de l’ornière économique du magistère neolibéral de Tony Blair. Sa matrice idéologique a transporté les travaillistes dans l’étape d’après.
Si le Blue Labour est aujourd’hui en passe d’imposer son hégémonie dans le dispositif de Keir Starmer — notamment sur des sujets régaliens comme les politiques migratoires, sécuritaires et, dans une moindre mesure, de défense — l’influence du courant au sein du parti travailliste a connu des hauts et des bas. Il a été fondé au début des années 2010 par Maurice Glasman, un penseur iconoclaste, d’inspiration post-libérale, qui désirait reconnecter le Labour à son âme ouvrière. Pour lui, le New Labour de Tony Blair avait donné un poids disproportionné à la composante technocratique du Labour, historiquement logée au sein de la Fabian Society, au détriment de ses racines populaires incarnées par l’ouvriérisme des syndicats. En embrassant le libéralisme économique, la troisième voie théorisée par Anthony Giddens avait selon lui durablement éloigné le parti des gens ordinaires.
Dans l’introduction de son ouvrage Blue Labour. The Politics of the Common Good, Maurice Glasman écrit : « le Blue labour est né pendant le krach financier de 2008 et le sombre crépuscule du New Labour et de la troisième voie. C’est aussi l’époque de la mort de ma mère. (…) Nous avons regardé Gordon Brown dire que le « destin du Labour était de sauver le système bancaire mondial » et les yeux de ma mère ont croisé les miens, puis elle a secoué la tête et fermé les yeux. » Si le blairisme se voulait une adaptation de la social-démocratie au marché, il se révéla en réalité la première pierre d’une conversion au libéralisme culturel. En un sens, il a par ailleurs préparé l’axe sociétal du corbynisme — deux versants parfaitement antagonistes avec les aspirations populaires. En lançant ce courant, Maurice Glasman souhaitait donc retrouver l’identité « prolétaire » du Labour et renouer avec le traditionalisme travailliste empreint de solidarité communautaire, d’enracinement culturel et de dignité humaine. « En renouant avec son histoire, le parti travailliste peut revitaliser la Grande-Bretagne (…) Les travailleurs organisés qui ont résisté à leur dépossession et à leur exploitation ont appelé leur parti, le parti travailliste pour nous le rappeler » écrit-il ainsi en 2011.
Le mouvement a connu son apogée entre 2010 et 2015 sous Ed Miliband, alors chef de l’opposition officielle — Maurice Glasman a d’ailleurs été créé Lord par ce dernier.
Ed Miliband a préfacé en 2011 The Labour Tradition and The Politics of Paradox, publication de référence du Blue Labour regroupant ses penseurs de premier plan comme Marc Stears, Jonathan Rutherford ou Maurice Glasman lui-même.
Dans son texte, le leader travailliste se montre particulièrement bienveillant avec les idées du Blue Labour : « Les discussions publiées ici sont empreintes d’énergie politique et de confiance intellectuelle. Nous sommes ouverts à de nouvelles idées et à de nouvelles approches (…) Historiquement, les débats au sein du parti travailliste ont tourné autour d’un choix entre « plus d’État et moins de marché » ou « plus de marché et moins d’État ». Cette approche doit être revue (…) La contribution centrale (…) du Blue Labour (…) se situe au cœur de cette discussion qui a déjà redynamisé le parti et plus généralement la politique, depuis que nous avons quitté le pouvoir. »
Durant le shadow cabinet Corbyn, le mouvement a considérablement perdu en influence au sein du parti. Il s’est peu à peu mué en courant d’opposition au corbynisme entre 2015 et 2020, notamment par le biais de plusieurs groupes de réflexions comme le Common Good Labour, devenu par la suite Labour Together. C’est depuis ces organisations — à l’extérieur du parti — qu’il se structure, se régénère, gagne des militants, des cadres et reprend pied contre les équipes de Jeremy Corbyn et leur doctrine.
Maurice Glasman souhaitait retrouver l’identité « prolétaire » du Labour et renouer avec le traditionalisme travailliste empreint de solidarité communautaire, d’enracinement culturel et de dignité humaine.
Renaud Large
À la faveur de l’élection de Keir Starmer à la tête du parti en 2020, le Blue Labour redevient une pièce centrale de l’échiquier travailliste et les corbynistes sont évincés du parti. Morgan McSweeney devient ainsi directeur de campagne puis directeur de cabinet de Keir Starmer après avoir dirigé Labour Together à partir de 2017. Ce dernier est un enfant du courant, dont la philosophie a largement inspiré son action. En 2010, il avait mené la campagne victorieuse à Barking & Dagenham de Jon Cruddas, figure parlementaire iconique du Blue Labour, contre l’extrême droite du British National Party. Après les élections de 2024, Morgan McSweeney devient directeur de cabinet du Premier ministre Starmer. En juin 2024, la revue The New Statesman fait de McSweeney la personne la plus influente à gauche en Grande Bretagne .
Le cabinet Starmer se compose par ailleurs de ministres inspirés ou proches de la doctrine du Blue Labour dont Ed Miliband, le Secrétaire d’État à la Sécurité énergétique et à la Neutralité carbone ; Angela Rayner, la Vice-Première ministre et Secrétaire d’État au Logement, aux Communautés et aux Collectivités locales ; ou encore Lisa Nandy, la Secrétaire d’État à la Culture, aux Médias et aux Sports. Enfin, une jeune garde parlementaire s’inscrit elle aussi dans la filiation du Blue Labour. On retrouve des députés du nord ouvrier, par-delà le red wall comme Dan Carden à Liverpool, Jonathan Hinder à Pendle & Clitheroe, Jonathan Brash à Hartlepool ou David Smith à North Northumberland.
L’influence du courant dans certaines décisions politiques du cabinet Starmer est d’ailleurs patente.
La référence constante du Premier ministre au respect des gens ordinaires est directement inspirée du Blue Labour. Quelques mois avant son accession au pouvoir, en janvier 2024, Starmer brossait « l’histoire des gens ordinaires dans ce pays » lors du Civil Society Summit . Dans son discours à la Labour Party Conference 2024, il mentionnait : « les personnes issues de la classe ouvrière ordinaire comme la mienne » . On peut également percevoir l’influence du Blue Labour dans l’approche régulationniste du cabinet en matière migratoire, afin notamment de préserver le monde du travail. Dès 2011, Maurice Glasman invitait à « fixer des limites » en matière migratoire. Dans son discours sur l’immigration en novembre 2024, le Premier ministre Starmer évoquait quant à lui : « la sécurisation de nos frontières [comme] la question la plus importante pour les travailleurs » .
Glasman constitue aujourd’hui une figure plus contestée, mais néanmoins toujours influente intellectuellement — et institutionnellement. Invité par le vice-président J. D. Vance, il a été le seul pair britannique à se rendre à la cérémonie d’investiture du Président Trump en janvier 2025. Il adresse régulièrement des critiques aux membres de la majorité, qualifiant la chancelière de l’échiquier, Rachel Reeves de « drone du Trésor » ou le procureur général, Richard Hermer « d’imbécile progressiste » .
Invité par le vice-président J. D. Vance, Maurice Glasman, fondateur du Blue Labour, a été le seul pair britannique à se rendre à la cérémonie d’investiture du Président Trump en janvier 2025.
Renaud Large
Une vision « post-libérale » agrégeant plusieurs influences
Ne se voulant ni nostalgique ni réactionnaire, le Blue Labour porte un constat simple : l’homme n’existe pas hors de ses liens. La liberté, dans cette perspective, ne consiste pas à se détacher des autres, mais à trouver sa place dans un ordre collectif où chacun contribue au bien commun. Dans la vision post-libérale du Blue Labour, l’homme n’est pas une monade isolée mais le fruit d’une histoire, d’une culture, d’une communauté. Seul un retour aux structures d’appartenance pourrait ainsi nous sortir du chaos. Le libéralisme économique et le progressisme culturel ont ensemble détruit les liens sociaux qui faisaient tenir la classe ouvrière. À force de déréguler l’économie et de briser les solidarités traditionnelles, nous aurions fabriqué une société de l’errance, privée d’identité et de repères.
Face à ce constat, le Blue Labour propose explicitement un projet civilisationnel : la reconquête du politique par le patriotisme, le local, le syndicalisme, la coopération entre travailleurs, et la redécouverte du rôle structurant des communautés. Une société ne pouvant pas être pensée comme un simple contrat entre individus qui cherchent leur intérêt personnel, elle doit reposer sur des liens organiques et une interdépendance qui oblige à reconnaître que nous avons des devoirs envers les autres. Glasman écrit ainsi :
« Les valeurs distinctives du Labour sont enracinées dans les relations, dans les pratiques qui renforcent une vie éthique. Des pratiques telles que la réciprocité, qui donne une forme concrète à la liberté et à l’égalité dans une relation active de don et de contre-don. La mutualité, où nous partageons les bénéfices et les charges d’une association. Et puis, si la confiance est établie, la solidarité, où nous partageons activement notre sort avec d’autres personnes. Telles sont les formes du mouvement syndical, des mutuelles, des coopératives et des syndicats. Il s’est construit sur des relations de confiance et d’amélioration mutuelle qui se sont forgées entre les personnes par l’action commune. »
Le Blue Labour s’inspire également de la doctrine sociale de l’Église. Il entend lutter contre l’éclatement social par la réhabilitation des valeurs transcendantes comme la dignité humaine.
En 2020, Glasman écrit encore :
« J’ai vécu une expérience intense. Je suis resté debout toute la nuit à lire Laborem Exercens de Jean-Paul II, qui reste la plus grande réflexion sur le sens du travail que j’ai jamais lue. Centesimus Annus de Jean-Paul II était également révélateur, de même que Rerum Novarum de Léon XIII. J’ai établi le lien entre la subsidiarité, le statut humain du travailleur et la solidarité en tant que forme de communauté politique. »
Comment reconstruire du commun quand tout a été nivelé ? En repartant des travaux de Karl Polanyi — que Glasman cite abondamment dès 1994 dans l’article « The Great Deformation. Polanyi, Poland and the terrors of planned spontaneity » publié dans la New Left Review — le Blue Labour cherche à réencastrer l’économie dans la politique. Il postule que pour reprendre la main sur l’économie, il faut la réinscrire dans des structures démocratiques tout en refusant la séparation entre possédants et travailleurs. Les biens doivent ainsi devenir relationnels en s’établissant dans une réciprocité entre le producteur et le consommateur. Pour les tenants du courant, nous donc serions des homos reciprocans plutôt que des homo oeconomicus .
À propos de son ouvrage, La politique de la vertu , co-écrit avec Adrian Pabst, John Milbank, penseur proche du Blue Labour, explique :
« Nous défendons une économie sociale de marché, qui critique à la fois le marché capitaliste et l’État bureaucratique, car comme la plupart des penseurs communautariens, nous pensons que ce sont les deux faces d’un même problème (…) Nous critiquons l’idée selon laquelle par nature une transaction économique est basée sur l’intérêt particulier des parties (…). Un échange économique peut aussi s’appuyer sur un but commun. Ce n’est pas une question d’altruisme pur, mais de réciprocité qui caractérise toutes les relations humaines quand elles ne sont pas artificiellement détruites. »
Les auteurs s’inspirent de l’approche de l’économie civile que l’on retrouve chez l’économiste italien Luigino Bruni.
Le Blue Labour propose explicitement un projet civilisationnel : la reconquête du politique par le patriotisme, le local, le syndicalisme, la coopération entre travailleurs, et la redécouverte du rôle structurant des communautés.
Renaud Large
« Pour l’économie sociale et civile, le marché peut être considéré comme bon et favorable au bien commun dans la mesure uniquement où il constitue l’expression et la concrétisation d’une socialité fondamentale, où il comprend une dimension mutualiste et communautaire, fortement ancrée dans l’exigence de respect et de réciprocité » résume Serge Audier . On pourrait trouver un écho à cette idée dans le concept de « communisme primaire » du penseur David Graeber. Pour lui, les activités quotidiennes les plus stimulantes — le service rendu, les loisirs sportifs, la rencontre humaine — sont le fruit d’une relation basée sur la solidarité et l’entraide. Elles se situent en dehors du marché. Il considère ainsi que les gens « appliquent les principes du communisme parce que c’est la seule chose qui fonctionne vraiment. (…) Le communisme est donc déjà là. »
Le discours du Blue Labour résonne enfin avec celui du solidarisme et du mutualisme français.
À la fin du XIXe siècle, Léon Bourgeois posait un principe simple : nous serions tous débiteurs — non pas au sens financier du terme, mais parce que nous sommes les héritiers d’un monde que nous n’avons pas bâti. Notre éducation, nos infrastructures, nos institutions… tout cela est le fruit d’un effort collectif. Dans son ouvrage Solidarité, Bourgeois défend une idée révolutionnaire : l’individu ne peut jouir de ses libertés qu’à condition de reconnaître ce qu’il doit aux autres. Il en déduit une obligation morale et politique : chacun doit contribuer au bien commun, en fonction de ses moyens et nous cotisons pour rembourser, aux générations futures, la dette que nous avons contractée à l’égard de nos ancêtres. Ici, l’égalité n’est pas donnée, elle se construit par la solidarité. Comme alternative au capitalisme, Bourgeois propose un autre modèle économique, plus ancré, plus solidaire : celui des coopératives et des mutuelles. Des structures où la production appartient à ceux qui la font vivre, où la valeur ne s’évapore pas vers les actionnaires mais irrigue le territoire. C’est un modèle où la production est enracinée, où la finance ne dicte plus sa loi, où l’on valorise les métiers qui font tenir la société plutôt que ceux qui spéculent sur sa ruine.
La stratégie Glasman et l’avenir européen du Blue Labour
Maurice Glasman et le Blue Labour veulent agir en deux temps.
D’abord, en réhabilitant le rôle des Nations et des communautés politiques. Contre la vision selon eux technocratique et mondialisée du pouvoir, ils défendent une démocratie « ancrée dans la vie », où les citoyens reprennent la main sur les grandes décisions. Ils croient au retour de la civilité, charpente d’une vie commune juste. Et ils réhabilitent, à gauche, la notion de Patrie. En 2011, Maurice Glasman déclarait : « Le parti travailliste dispose d’un immense espace pour être le parti patriotique, pour affirmer que nous vivons dans un grand pays. »
Les travaillistes britanniques ne sont pas arrivés au pouvoir par hasard et impréparés à la dureté du climat politique. Quelques mois après leur victoire, ils ont pu s’appuyer sur l’armature intellectuelle et l’agenda de réformes savamment établies par le Blue Labour pendant des années.
Renaud Large
Ensuite, en reconnectant l’individu à un cadre structurant. Le Blue Labour insiste ainsi sur la nécessité de reconstruire un pacte entre capital et travail : recréer des syndicats forts, favoriser la participation des travailleurs aux décisions stratégiques des entreprises, et donner une priorité absolue au local sur le global. La famille, l’école, la commune, l’entreprise coopérative… sont autant de lieux où se reconstruit un lien social que le libéralisme avait brisé. Une société qui ne tient que par des contrats et des règlements produit le vide ; le Blue labour veut combler ce vide, reconstruire une conscience partagée du bien commun, dans un monde où l’on appartiendrait à quelque chose de plus grand que soi. Maurice Glasman décrit ainsi les « anciennes traditions politiques [qui] se sont fondues dans le mouvement travailliste. (…) D’un côté, il y avait la notion aristotélicienne de la vie bonne et du bien commun. L’importance de la politique, de la vertu comprise comme la poursuite d’une vie commune entre des intérêts divergents, a été transposée dans la vie politique de la Nation. » Une société où la liberté cesse d’être un mirage individualiste et matérialiste pour redevenir une conquête collective et transcendante.
Les travaillistes britanniques ne sont pas arrivés au pouvoir par hasard et impréparés à la dureté du climat politique.
Quelques mois après leur victoire, ils ont pu s’appuyer sur l’armature intellectuelle et l’agenda de réformes savamment établies par le Blue Labour pendant des années. Avec une approche post-libérale novatrice, ils parviennent à renouveler un logiciel idéologique comme peu d’autres mouvements socialistes en Europe. L’avenir nous dira si cette formule parvient à contenir ou faire reculer la poussée électorale du parti de Nigel Farage.
Toujours est-il que le reste de la gauche continentale serait bien inspiré de s’intéresser de plus près aux aggiornamentos des travaillistes britanniques et de connaître la leçon du Blue Labour. On retrouve en effet des traits distinctifs du Blue Labour dans d’autres courants politiques européens : la social-démocratie scandinave avec son ancrage local et syndical, l’économie sociale et solidaire en Italie, en Espagne ou en France — avec les coopératives comme Myosotis à Brescia, Mondragon au pays basque ou encore le réseau de la mutualité française. Aussi est-il légitime de se demander si le modèle du Blue Labour pourrait être exportable en Europe continentale. C’est une possibilité qui pourrait contenir la droite radicale — et qui nécessiterait d’intensifier les échanges entre les acteurs européens pour faire émerger une culture politique commune.
Source : https://legrandcontinent.eu/fr/2025/03/26/blue-labour-decouvrir-la-doctrine-starmer-pour-conservatisme-social-au-royaume-uni/