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By Jean-Patrick Grumberg 5 avril 2025
Tous les anciens présidents américains savaient que les États-Unis se faisaient avoir dans le domaine du commerce extérieur. Personne n’a voulu ou osé faire quoi que ce soit. Aujourd’hui, Donald Trump le fait.
C’est risqué. L’issue est incertaine, contrairement aux déclarations débiles des médias. D’un côté, les médias européens, et la presque totalité des médias américains ont la haine de Trump. Vous le savez, vous ne leur faites pas confiance, sinon vous ne seriez pas en train de nous lire. Il n’est donc pas surprenant qu’ils prédisent que l’apocalypse va s’abattre sur nous tous. A les écouter, nous sommes au bord du désastre, et nous allons bientôt devoir faire les poubelles pour trouver de la nourriture.
En face, les médias conservateurs annoncent l’eldorado pour l’Amérique. Un nouvel âge d’or. Ceci non plus n’est pas certain, mais la probabilité est tout de même plus grande : Trump a fait ses preuves, durant son premier mandat. Il y a cependant trop de facteurs en jeu pour que l’on puisse faire une prédiction sérieuse, et vous savez que je ne fais pas de spéculations à partir de rien, contrairement à mes confrères.
Tout regard à très court terme est vain
D’après les messages que je reçois, il semble que beaucoup de nos lecteurs se laissent embarquer par le vent de panique que les journalistes – en qui ils n’ont pas confiance – ont décidé de déclencher.
La bourse a chuté (ce n’est pas le moment de vendre, si vous avez des actions), et la presse se sert de cette baisse pour démontrer que l’abîme est proche. Ils sont malhonnêtes : quand la bourse progressait vers des sommets jamais atteints lors du premier terme du président Trump, ils étaient silencieux. On ne juge pas l’économie à moyen terme sur une semaine de baisses.
Rappel : toutes les salles de rédaction, tous les journalistes veulent que Trump échoue. Et dès que la bourse baisse, c’est l’hystérie.
Trump soigne un grand malade
Donald Trump a qualifié l’économie américaine de « patient très malade » en rappelant que les Etats-Unis ont perdu 90 000 usines et 6 millions d’emplois depuis les accords ALENA.
Les faits sont là, il dit vrai. Le président a raison.
Les nations étrangères gagnent beaucoup plus d’argent en commerçant avec l’Amérique que l’Amérique n’en gagne avec elles. Ca se chiffre en milliers de milliards de dollars.
Pourquoi les Américains n’en sont-ils pas conscients ? Bill O’Reilly a la réponse :
« Pour deux raisons. Premièrement, la presse l’ignore, c’est trop ennuyeux et trop compliqué. Et deuxièmement, nous vivons plutôt bien ici. Malgré les mauvais accords commerciaux, nous vivons plutôt bien. En fait, nous vivons mieux que n’importe qui d’autre sur la planète. Il n’y a donc pas d’urgence ».
Donald Trump a donc déclaré au monde qu’ils ont fini d’arnaquer l’Amérique. Il a décidé de se battre contre tous en même temps pour obtenir de meilleurs accords commerciaux. Je ne sais pas si la méthode était la meilleure, l’avenir le dira, mais pour l’instant, pour le très court terme, aujourd’hui, demain, cette semaine, c’est chaud. Il peut gagner dans la douleur, ou perdre la face et devoir faire marche arrière. Personne ne connaît l’issue, et personne ne la connaîtra avant un certain temps.
Avec sa stratégie, Donald Trump va probablement obtenir de meilleurs accords commerciaux, c’est tout à fait possible, probable même. L’économie américaine est peut-être malade, mais elle est très très forte et je pense que nous allons bien nous en sortir. Et Trump n’est pas dogmatique, ce n’est pas un idéologue. Si sa stratégie assombrit le ciel, il fera rapidement marche arrière. Si les pays impactés s’asseyent à la table des négociations, il les écoutera. Il a déjà commencé : il a déjà déclaré être prêt à revoir les tarifs pour plusieurs pays, dont le Vietnam et Israël.
Le président Trump a déclaré que le secrétaire général du Vietnam est ouvert aux négociations et prêt à réduire à zéro les droits de douane américains.
Le Premier ministre israélien devrait se rendre à Washington en début de semaine pour renégocier les tarifs de 17% qui ont été imposés à l’Etat juif, qui la veille, avait baissé à zéro les tarifs douaniers de toutes les importations américaines.
Trump pouvait capituler, comme les autres avant lui, Il a décidé de prendre le taureau par les cornes. Si l’industrie manufacturière revient aux États-Unis, si les investissements affluent aux États-Unis – ils ont déjà commencé à affluer à hauteur de 6 000 milliards de dollars1, le travailleur américain prospérera grandement, et c’est l’objectif numéro un du président avec l’indépendance nationale. S’il échoue, si l’industrie se rebelle, si les pays étrangers contre-attaquent durement, les temps seront durs pour Trump et les élections de mi-mandat basculeront vers les démocrates. Et l’économie souffrira.
Stephen Miller, conseiller du président Trump :
Il existe des industries essentielles qui pourraient être converties à tout moment pour répondre aux besoins fondamentaux de la sécurité nationale et, lorsque vous n’avez pas ces usines, vous n’avez pas la formation et la main-d’œuvre nécessaires pour répondre aux besoins de notre nation et, en cas d’urgence, vous ne pouvez pas assurer la sécurité de l’Amérique.
Miller poursuit :
Le point le plus important à comprendre est que les tarifs ne s’appliquent à aucun produit fabriqué aux États-Unis. Ainsi, le péché originel de la manière dont l’économie moderne en Amérique est structurée – ce dont le président parle plus que tout autre chose , ce péché originel était que nous avons créé un système fiscal qui vous punissait pour fabriquer quelque chose en Amérique et vous récompensait pour fabriquer quelque chose en Chine ou dans un pays étranger.
En d’autres termes, si vous aviez votre usine en Amérique, vous payiez un taux d’imposition sur les sociétés exorbitant, vous étiez écrasé par les réglementations, vous faisiez face à des prix de l’énergie radicalement inabordables, et Washington rendait votre vie misérable de toutes les manières possibles. La classe politique n’a rien fait à ce sujet ; elle a laissé cela se produire. Elle est restée les bras croisés et a regardé cela arriver pendant des décennies. En réalité, elle voulait que l’inverse se produise, surtout si l’on regarde les années 90, avec l’ALENA, l’OMC, et l’entrée de la Chine dans l’OMC.
L’objectif, très clairement, était de supprimer les barrières tarifaires et commerciales pour faciliter la délocalisation vers la Chine. Parce qu’une fois que nous avons accordé à la Chine ce que nous appelons des relations commerciales normales permanentes, tous les fabricants aux États-Unis, qui pensaient à court terme, en termes de bénéfices trimestriels et ce genre de choses, se sont dit : « Écoutez, maintenant je peux déplacer mon usine de l’Indiana ou d’ailleurs, je peux la mettre en Chine, je peux la mettre au Mexique, et je sais que j’aurai un accès garanti au marché américain. »
Aujourd’hui, le président Trump dit que le meilleur endroit pour fabriquer des produits américains et vendre des produits américains est ici, en Amérique. Si vous fabriquez en Amérique, vous n’aurez pas à vous soucier de la précarité de l’accord qu’il décrit. Le désastre a été fait par les Bush, cela a été fait par les Clinton, cela a été fait par de nombreuses administrations américaines, républicaines et démocrates.
Les républicains et les démocrates ont dit au propriétaire d’usine : « Si vous voulez vraiment être compétitif, vous devez déplacer votre usine en Chine, c’est le meilleur moyen de vendre en Amérique. »
Et tout d’un coup, vous vivez dans une communauté où, un jour, il y a des villes industrielles prospères, et le lendemain, toutes les usines sont à Shanghai. Ainsi, le point sur le péché originel, c’est le péché d’avoir dit que nous allions accorder le traitement le plus favorable à la production étrangère et le moins favorable à la production américaine.
Donc, le président dit aujourd’hui l’inverse : « si vous avez votre usine en Amérique, vous ne payez pas de tarif, nous allons réduire vos impôts, nous allons réduire vos réglementations et réduire vos coûts énergétiques, donc vous obtiendrez la meilleure offre possible, mais vous devez le faire ici ».
Ainsi, le président Trump agit en tant que businessman en chef de l’Amérique, négociateur en chef de l’Amérique, en encourageant et en incitant, enfin, ces entreprises à faire des affaires ici.
Nous avons la main-d’œuvre, nous avons les ressources, nous avons le meilleur marché au monde, il n’y a aucune raison pour que nous n’ayons pas un président qui essaie de défendre l’Amérique avec des politiques « America First ».
Nous avons tous été dans des réunions avec lui [Trump] où il a dit aux entreprises : « Quel est votre problème pour revenir ? Qu’est-ce qui vous bloque ? Est-ce les réglementations ? Résolvons ce problème. »
Je pense qu’à un niveau philosophique fondamental, quand on parle d’« America First », cela se résume à ceci : qui devrait avoir un accès prioritaire au marché américain ? Devrait-ce être l’usine située à Cleveland ou celle située à Pékin ? C’est la question fondamentale.
Les médias corporatifs de la gauche radicale, les médias corporatifs mondialistes qui tentent de critiquer ce plan, estiment que le meilleur endroit pour installer votre usine devrait être Pékin, Shanghai, Bangkok, ou n’importe où sauf les États-Unis d’Amérique. La vision du président est que nous devrions tout faire en notre pouvoir pour que le meilleur endroit pour installer votre usine soit une ville américaine, afin que nous en tirions tous les bénéfices : les bénéfices économiques, les bénéfices sociaux, les bénéfices communautaires et, surtout, les bénéfices pour la sécurité nationale d’avoir nos industries critiques ici en Amérique. C’est pourquoi nous appelons cela le « jour de la libération », car il nous libère d’un système économique mondial qui nous a rendus dépendants des nations étrangères et des puissances étrangères »