Dans l’une de ses nouvelles, Borges raconte l’histoire d’un cartographe tatillon et jamais satisfait. Il lui manque toujours des détails supplémentaires. Il enrage de ne pas pouvoir faire figurer sur sa carte du monde telle route, trop fine, tel ruisseau. Alors, il agrandit l’échelle. C’est déjà mieux. Mais il manque certains lieux-dits, et les calvaires. Alors, il zoome encore. À la fin, sa carte est vaste comme le monde lui-même et enfin le plus minuscule des graviers est cartographié. Une fuite en avant que Google a décidé de courir. C’est la même idée : que rien n’échappe à la cartographie du monde.