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Julian Assange, le Navalny occidental que tout le monde a oublié

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    Les médias nous tiennent informés heure par heure du sort peu enviable réservé à Alexandre Navalny. Nul ne s’en plaindra, d’ailleurs, vu que Moscou a une conception très particulière des droits de l’homme, si tant est que cette expression puisse franchir les murs du Kremlin. Traqué depuis des mois, baladé de cour de justice en prison, victime d’une tentative d’empoisonnement digne d’un roman de John Le Carré, le lanceur d’alerte symbolise tout ce qui ne peut plus continuer dans la Russie de Vladimir Poutine.

    Le surprenant, donc, n’est pas que Navalny ait les soutiens qu’il mérite. Plus il en aura, mieux ce sera. Non, le surprenant est que ceux qui volent en permanence au secours de l’opposant à Poutine ne soufflent mot du sort réservé à son équivalent occidental, qui s’appelle Julian Assange. Sa destinée n’est guère plus enviable.

    L’Australien de 49 ans est lui aussi un lanceur d’alerte traqué par la meute lancée à ses trousses. Il est poursuivi, cerné, emprisonné, menacé de rester en prison jusqu’à sa mort s’il est extradé vers les Etats-Unis, comme ces derniers en font la demande, en le traitant d’espion.

    Navalny, Assange russe ?

    On a parfois dit que Navalny était un Assange russe. Ce n’est pas faux. Mais on pourrait aussi dire que Julian Assange est un Navalny occidental, à cette différence près qu’il est oublié de tous. Il est oublié des gouvernements, des institutions internationales, des personnalités, et même des médias qui l’avaient sacralisé lorsqu’il avait fondé Wikileaks et révélé quelques-unes des frasques sanglantes de l’Empire américain, en Irak, en Afghanistan, et ailleurs.

    C’est ce qui a conduit les Etats-Unis à mettre la tête de Julian Assange à prix, comme s’il s’agissait d’un terroriste, d’un djihadiste ou du dirigeant occulte d’un cartel international de la drogue. Pour échapper à la traque, le jeune australien avait trouvé refuge à l’ambassade d’Equateur à Londres. Il y est resté enfermé sept ans, jusqu’à son arrestation par la police britannique, en avril 2019.

    Depuis, il est enfermé dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, à l’est de Londres. Ses conditions de détention sont telles qu’un représentant de l’ONU a pu parler de « torture mentale ». Si, pour l’heure, la justice britannique a refusé de l’extrader vers les Etats-Unis, c’est uniquement « pour des raisons de santé mentale ». Voilà qui en dit long sur son intégrité physique et psychologique.

    Assange menacé d'une peine de 175 ans de prison

    Mais Assange n’en est pas moins sous le coup d’une extradition vers un pays où il est menacé d’une peine de 175 ans de prison pour avoir mis en lumière les forfaitures et les crimes de l’armée américaine dans le monde. En cette affaire, l’élection de Joe Biden n’a rien changé, du moins pour le moment.

    Qui en parle ? Personne, ou presque. Quand il s’agit d’Alexandre Navalny, toutes les chancelleries du monde occidental donnent de la voix. La Maison Blanche fait résonner les violons de la justice immanente. L’Union Européenne rappelle son attachement proclamé aux valeurs de liberté, ce qui fait chaud au cœur. Emmanuel Macron y va de ses admonestations, relayé par un Jean-Yves Le Drian qui se rappelle qu’il fut socialiste. Raphaël Glucksmann monte au front émotionnel avec une prestance émouvante.

    Bravo. Ils ont raison. Mais pourquoi ne pas en faire autant à propos de Julian Assange ? Pourquoi aucune des éminences susdites n’a jugé bon de lever le petit doigt pour demander que le fondateur de Wikileaks soit libéré ? Pourquoi ne pas s’émouvoir de ses conditions de détention et du viol de ses droits légitimes ? Pourquoi un journal comme Le Monde se tait-il alors qu’en 2010 il avait érigé Assange en « héro de l’année » ? Pourquoi Libération, qui aime à défendre la veuve et l’orphelin, n’est-il pas plus loquace ?

    Droit à l'enterrement

    Certains ont viré casaque quand Julian Assange a osé ébranler la statue déjà chancelante de Hillary Clinton, alors en course électorale contre Donald Trump. Et alors ? Nul ne prétend que l’Australien soit l’équivalent du Christ et qu’il faille se prosterner devant le moindre de ses faits et gestes. Si l’on prenait autant de gants avec Alexandre Navalny, on l’abandonnerait à son triste sort sous prétexte qu’il y a encore quelques années, il était plus nationaliste que Poutine, plus xénophobe que Marine Le Pen et plus anti-immigrés que Viktor Orban.

    Fort heureusement, on ne s’arrête pas à de tels dérapages, que Navalny lui-même n’assume plus. Quand bien même ce ne serait pas le cas, cela ne justifierait pas qu’il soit maltraité comme il l’est. Logiquement, il devrait en être de même pour Julian Assange, qui n’a rien à faire devant une cour de justice en vertu d’accusations fantaisistes qui peuvent néanmoins lui être fatales.

    Or, pour l’heure, le seul argument qui vaille, médiatiquement parlant, c’est le deux poids deux mesures. Quoi que dise et fasse Alexandre Navalny, il a droit aux trompettes de la renommée. Quoi que dise et fasse Julian Assange, il a droit à l’enterrement à la sauvette. Oscar Wilde disait : « Appuyez-vous sur les principes : ils finiront bien par céder ». C’est fait.

    A LIRE AUSSI : Navalny, Assange : les bons et les méchants lanceurs d’alerte


    Source : https://www.marianne.net/agora/les-signatures-de-marianne/julian-assange-le-navalny-occidental-que-tout-le-monde-a-oublie?utm_medium=Social&utm_source=Facebook&Echobox=1619450577#xtor=CS2-4
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