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Signet Loupe

« La recette ultra-droitière de la gauche danoise »

Reportage passionnant (malgré un titre complètement crétin), dans Le Monde Magazine du 26 juin, sur la mutation du Parti social-démocrate danois, qui tend de plus en plus à ressembler au mouvement allemand "Aufstehen". Il était temps que la gauche se réveille !

Quelques extraits :

« Paw Østergaard Jensen, peintre en bâtiment, président social-démocrate du comité des affaires sociales de la mairie d’Albertslund, parle de la concurrence sur le marché du travail, des entreprises qui en profitent pour presser les salaires, accélérer les cadences. Pour lui, une seule solution : “Il faut arrêter d’accueillir des réfugiés et des immigrés et intégrer les gens qui sont déjà là.” Longtemps, quand Paw Østergaard Jensen osait exprimer cette position tout haut, il était étiqueté “de droite”, voire accusé d’être “raciste”. Les temps ont changé : las de perdre les élections, les leaders du parti social-démocrate (Social-démocratie, SD) ont commencé à prêter l’oreille à ces voix qui demandaient un changement. Quatre ans de réflexion, lancés après une énième défaite électorale en 2015, pour aboutir à un nouveau logiciel : résolument à gauche sur la défense de l’État-providence et des classes populaires, mais à droite toute sur l’immigration et l’intégration. Deux ans après sa nomination à la tête du gouvernement, la leader sociale-démocrate, Mette Frederiksen, 43 ans, dirigeante du Parti social-démocrate danois, assume complètement ce virage. D’ailleurs pourquoi douterait-elle, alors que son parti frôle la barre des 30 % dans les sondages, que sa popularité atteint des records, après une pandémie bien gérée, et que la droite, en face, a des allures de champs de ruines ? [...]

Fille d’un typographe et d’une enseignante, élevée à Aalborg, dans le Jutland, et titulaire d’un master d’études africaines, Mette Frederiksen, est classée à gauche. Mais ses trois années passées à la direction du ministère du travail, puis dix mois à celui de la justice, “lui ont fait prendre conscience des problèmes d’intégration et de la charge que représente l’immigration pour le modèle social”, selon le journaliste Thomas Larsen, qui a signé sa biographie. Surtout, Mette Frederiksen “a compris que le SD ne pourra pas regagner une élection à moins de se reconnecter avec les électeurs traditionnels du parti, qui demandent une politique migratoire restrictive”. […]

Pour Henrik Sass Larsen, président du groupe social-démocrate au Parlement, si la gauche européenne va mal, c’est parce qu’elle a trop longtemps été tétanisée par “la peur d’être taxée de raciste” ou d’être accusée de “faire le jeu de l’extrême droite”. Elle n’a voulu voir “que le bon côté du multiculturalisme” et n’a pas osé “reconnaître qu’une bonne partie des musulmans ne sont pas intégrés”. À la place, elle s’est fourvoyée dans la défense des minorités : “Quand vous dites à des ouvriers que vous allez vous battre pour qu’ils aient des toilettes transgenres, vous n’êtes plus pertinents auprès de vos électeurs de base”, martèle-t-il. Après les élections de 2015, c’est la confiance de ces électeurs qu’Henrik Sass Larsen et Mette Frederiksen veulent retrouver parce qu’“un parti social-démocrate qui ne représente plus les classes populaires ne peut pas se déclarer social-démocrate”. […] À l’Assemblée, un groupe de jeunes députés sociaux-démocrates, la plupart issus des classes populaires, est prêt à leur emboîter le pas. […]

Ancien maçon et fils d’un réfugié éthiopien, Mattias Tesfaye, devenu ministre de l’immigration et de l’intégration en 2019, publie un essai de 385 pages récapitulant “cinquante ans de politique migratoire du parti social-démocrate”. Sa thèse : le parti ne fait rien d’autre qu’appliquer les analyses des maires de l’ouest de Copenhague – dont celui d’Albertslund, où Mattias Tesfaye vit avec sa famille – qui plaidaient déjà, dans les années 1980, contre la droite et les patrons, pour une politique migratoire restrictive. […]

En Europe, l’exemple danois suscite chez de nombreux sociaux-démocrates un mélange d’effroi, d’incompréhension mais aussi... d’intérêt. En France, Arnaud Montebourg semble en tout cas emprunter la même analyse, avec son récent plaidoyer pour une alliance des forces populaires qui passerait par un programme économique très interventionniste, un contrôle plus strict de l’immigration et la lutte contre l’islam politique. »

Anne-Françoise Hivert, « La recette ultra-droitière de la gauche danoise », dans Le Monde Magazine du 26 juin


Source : https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2021/06/25/defense-de-l-etat-providence-et-rejet-de-l-immigration-la-recette-ultra-droitiere-de-la-gauche-danoise_6085713_4500055.html