Jouer la carte de la France !
Une communication importante de Didier Long :
Je reviens à la campagne de Zemmour et à certaines polémiques ou tentatives de diabolisation dont il est l’objet, pas pour le défendre ni pour le soutenir, mais parce que les questions sous-jacentes sont capitales pour l’avenir de la France.
Les attaques contre Zemmour tiennent à ses écrits et déclarations sur Vichy ainsi qu’à ceux, plus récents, sur l’inhumation en Israël de certaines victimes de Merah. J’ai écrit ce que je pensais à ces sujets, qu’il s’agit de fautes et d’un manque de sensibilité et qu’il n’aurait pas dû écrire et dire ce qu’il a écrit et dit sur ces sujets. Mais la question, en réalité, va bien au-delà, en ce sens que l’opposition à Zemmour se sert de ces fautes -dans lesquelles il s’enferre également- mais les motivations à cette opposition et les questions sous-jacentes sont beaucoup plus profondes.
Je lis et j’entends des personnes estimables poser la question de savoir si Zemmour serait antisémite. Si la réponse ne peut être clairement fournie, on insiste sur le fait qu’il ne s’est jamais engagé dans la défense d’Israël ou de la communauté juive en tant que telle, soit par ses écrits, soit en manifestant après des attentats ayant ciblé explicitement et délibérément la communauté juive, ou par un engagement communautaire clair au sein d’associations diverses. On a pu lire également qu’il ne serait pas un bon Juif. Or tout ceci est, selon moi, clairement soit insultant et infondé (Zemmour antisémite) soit hors sujet pour son non-engagement communautaire.
Zemmour le dit lui-même, il est un membre du peuple français, il est français, et il se bat pour la France. On ne peut pas être partout à la fois, du moins avec le même niveau d’engagement. Est-ce contradictoire avec la défense de la communauté juive, menacée par la montée de l’antisémitisme d’origine islamique, tout en restant préoccupée d’une possible résurgence de l’antisémitisme du vieux fond français, qualifié souvent d’extrême droite ?
Zemmour, du moins je le suppose, pense clairement que non. Il considère que la France, en tant qu’entité politique, n’est pas un conglomérat de communautés. Que les communautés, juive ou autres, ont un rôle culturel, associatif, qu’elles contribuent par un apport original à la vie de la nation, mais qu’elles n’ont pas d’existence politique et ne doivent pas en avoir. Ainsi, la communauté juive sera défendue parce que la France sera forte et pas affaiblie par la division en communautés demandant chacune à l’Etat de les protéger des dangers que feraient courir sur elle tell ou telle autre fraction de la communauté nationale. Zemmour joue la carte de la France, comme le disait De Gaulle à l’époque de la France combattante : on est toujours vainqueur lorsque l’on joue la carte de la France (voir De Gaulle et Churchill, Kersaudy).
Autrement dit, la montée de l’antisémitisme et des violences et assassinats qui l’on accompagnée depuis 20 ans ne vient pas du fait que l’arsenal juridique destiné à défendre les communautés serait trop faible ou mal adapté, il vient de l’affaiblissement de la France face à la montée de l’islam conquérant et de la dissolution nationale concomitante, à la fois cause et conséquence de la submersion migratoire islamique.
J’ai écouté ces jours-ci une interview de Mario Stasi, président de la Licra par Bruce Toussaint. Cette interview est sur mon mur hier ou avant-hier. Bruce Toussaint attaque Zemmour sur deux points avant de laisser la parole à Mario Stasi. Il cite une déclaration qui dit, de mémoire « À l’époque de Dreyfus, il y avait en France deux camps opposés : l’un qui croyait en l’innocence de Dreyfus et le défendait, l’autre qui le croyait coupable et défendait l’Armée «. Voyant dans cette phrase une remise en cause de la certitude de l’innocence de Dreyfus, Mario Stasi y répond par un long réquisitoire. Je ne suis pas certain qu’il soit pertinent pour Zemmour de se lancer dans de multiples débats ou controverses l’éloignant de ce qui devrait être ses préoccupations principales en tant que futur candidat à la présidence de la République. Néanmoins, je ne perçois pas dans cette phrase -la seule que je connaisse de Zemmour sur ce sujet- la remise en cause de la certitude de l’innocence de Dreyfus. À mon sens, il a voulu suggérer que les Français qui ne croyaient pas en 1899 à l’innocence de Dreyfus ne le faisaient pas nécessairement par antisémitisme. Comment sait-on que Dreyfus est innocent ? Nous le savons depuis qu’un tribunal l’a innocenté en 1906. Sinon, seuls ceux qui avaient eu accès au dossier -peu nombreux lors du premier procès par un tribunal militaire-, les juges, les avocats le savaient ou pouvaient le savoir. Beaucoup d’autres, des millions d’autres, pouvaient le penser, bien sûr, mais ils ne pouvaient pas le savoir. Il y avait deux France comme l’illustre le célèbre dessin de Caran d’Ache, qui séparaient les familles en leur sein. Ceux qui faisaient confiance à Zola, et ceux qui faisaient confiance à l’Armée, garante de la sauvegarde de la Nation face au péril allemand imminent et menaçant. Bien sûr, le fait que Dreyfus était Juif a joué un rôle chez certains –« que Dreyfus est coupable, je le déduis de sa race » a écrit odieusement Daudet-, mais pas forcément chez tous. La fidélité à l’Armée, en une période périlleuse, a joué le plus grand rôle. Des traîtres en ont abusé pour fabriquer des faux et condamner Dreyfus.
L’autre question posée par Toussaint à Stasi relevait la mention par Zemmour de revenir sur tout ou partie de la loi Pleven. Je ne connais pas la position précise de Zemmour sur ce sujet, mais je connais celle de Bensoussan qui en a été victime. Un des paragraphes de cette loi mentionne comme devant être réprimée « l’incitation à la haine raciale ». Or, affirme Bensoussan, un tel délit est très mal défini, est beaucoup trop vaguement défini. C’est la porte ouverte à des procédures abusives. C’est ainsi que Georges Bensoussan fut poursuivi de manière concomitante par le CCIF, instante islamiste aujourd’hui dissoute, et la Licra, pour incitation à la haine raciale. Il remporta tous ses procès, ce qui prit 5 ans, le parquet ayant rejoint les parties plaignantes en faisant appel. Les tribunaux ont ainsi reconnu que Georges Bensoussan n’avait rien dit de répréhensible mais avait simplement contribué au débat public lors de l’émission d’Alain Finkielkraut. C’est l’idée même de débat public en France qui est la victime de certaines lois mal conçues, qui l’étouffent en faisant vivre les intellectuels ou les politiques qui voudraient s’exprimer dans la crainte, voire la terreur d’être poursuivis et de voir leur vie brisée. Depuis, la présidence de la Licra a changé et a renoncé à faire appel contre Bensoussan, mais l’institution n’a pas fait repentance pour s'être alliée avec le CCIF contre Bensoussan.
Je pense que c’est le débat public que défendent Georges Bensoussan et Eric Zemmour, et pas le droit de traiter quelqu’un de « sale arabe » ou de « sale juif » comme le suggérait Mario Stasi dans sa réponse à Bruce Toussaint, ces dernières expressions étant clairement des insultes à caractères racial ou religieux, délit clairement défini et justement réprimé. Or, c’est de la mort lente de son débat public que meurt la France aujourd’hui. Un pays qui ne débat pas de ses questions vitales, dont le débat est confisqué par une élite restreinte qui le pratique par idées convenues dans l’entre-soi, devient incapable de penser par lui-même, de penser comment il doit faire face, anticiper et prévenir les facteurs de dissolutions internes et les menaces externes. L’existence d’un pays se gagne tous les jours, or le débat a été figé et interdit depuis 50 ans. Un pays où le débat n’est plus libre se voit progressivement confisqué par des intérêts étrangers ou particuliers, mais ne peut plus vivre par et pour lui-même. Ces intérêts étrangers aujourd’hui sont multiples, du Qatar et des frères musulmans qui planifient la conquête islamique de notre pays, de la Turquie ou de l’Algérie qui entendent se servir chaque jour davantage de leur immigration en France pour décider de notre politique qui mérite chaque jour moins l’adjectif nationale, ou encore de la bureaucratie européenne qui entend étendre son pouvoir en en dépeçant la France sans être cependant en mesure de l’exercer. Bensoussan l’explique fort bien : il a été fort étonné en constatant qu’en Italie ou en Espagne on peut débattre librement de questions qui en France ne peuvent pas être librement exprimées, ou seulement par périphrase. Un pays qui ne débat plus ne produit plus d’idées dignes de ce nom et certainement pas les idées adaptées aux temps qui changent et alors que l’Histoire qu’on croyait assoupie fait son retour en force.
Un pays qui ne débat plus est un pays qui ne pense plus et qui devient incapable de se défendre. Or, si l’on revient à l’interview de Mario Stasi, il explique encore que Zemmour ne croit pas, ou refuse l’universalisme. Ce qui est frappant, est que Mario Stasi ne mentionne que les communautés, puis l’universalisme qui serait au-dessus de tout, mais jamais la France. Il ne voit pas que l’universalisme, dont la France est porteuse, n’est qu’une idée abstraite. L’universalisme n’a ni armée, ni police, ni justice, il n’a aucun patriote prêt à mourir pour lui. L’universalisme ne viendra pas à la rescousse de telle ou telle communauté en France qui serait attaquée. Seule la France le fait et le fera, à condition qu’elle reste unie et forte, qu’elle veuille vivre et se perpétuer comme elle en a le droit et le devoir. Seule la France est porteuse en France de l’universalisme, en tant que mur porteur, voûte et clef de voûte, et peut en être la garante, par la volonté du peuple qui lui apporte sa légitimité politique et par ses institutions régaliennes, et d’abord par la pleine conscience de sa légitimité politique et historique. Or, les élites françaises se sont progressivement coupées du peuple, dont elles ont décidé de méconnaître les intérêts et dont elles ont décidé de se méfier pour justifier à leurs propres yeux leur transformation en oligarchie. Zemmour dit, à mon sens, à propos de l’affaire Dreyfus : le peuple n’était pas entièrement constitué d’antisémites. De même la réponse à Vichy et à l’Occupation et à la Collaboration n’est pas dans la délégitimation du peuple français comme source de toute légitimité politique, ce qui serait paradoxalement accorder la victoire aux nazis et aux ultra de la collaboration. La France ne sera jamais une juxtaposition de communautés se défiant des autres ou du plus grand nombre, mais un corps politique vivant, dont toute légitimité est donnée par le peuple et par lui seul.
La voie implicitement choisie par nos élites, qu’elles en soient conscientes ou non, et si rien ne change, qui s’imposera à elles progressivement mais inéluctablement, de la communautarisation verra la communauté la plus vigoureuse, la plus ambitieuse, la plus politisée, la plus armée prendre le dessus sur les autres sous les yeux de ce qui sera devenu un Etat dépassé, reliquat grotesque d’une gloire passée. Cette voie est celle de la libanisation de la France, dont tous les Juifs auront fui d'ici un siècle ou moins et où les non-musulmans seront réduits à l’état des chrétiens du Liban, communauté qui se meurt après avoir été vaincue.
Nous devons jouer la carte de la France comme le disait de Gaulle il y a 80 ans.
Je pense que ce sont ces questions qui sont au centre des polémiques actuelles au sujet de Zemmour. Ce sont les questions capitales pour notre avenir national, même si il serait bon qu’elles ne soient pas implicitement abordées à l’occasion des polémiques que lance Zemmour.
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