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Saïf al-Islam Kadhafi, sur le point d’annoncer sa candidature, sera-t-il le favori de la présidentielle en Libye ? L'édito de Michel Taube

     

    Si une énième conférence internationale sur la Libye se tient aujourd’hui à Paris, après Berlin, Rome et de nombreuses autres capitales, l’événement du jour ne se produira peut-être pas dans la capitale française mais bien dans la région tripolitaine.

    A Paris donc, le président français Emmanuel Macron accueille une conférence de haut niveau en présence, tout de même, d’une vingtaine de chefs d’États, dont la vice-présidente des États-Unis Kamala Harris, la chancelière allemande Angela Merkel (tiens les noces d’adieu avec Emmanuel en Bourgogne n’étaient donc pas sa dernière visite française), le Premier ministre italien Mario Draghi et le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres. Les principaux protagonistes libyens seront-ils nombreux à Paris ? Le président du Conseil présidentiel, Mohamed Al-Menfi, et le premier ministre sont attendus, mais pas les candidats à la prochaine élection.

    C’est que les élections présidentielles approchent en Libye. Elles sont prévues pour le 24 décembre, suivies des législatives deux mois après. C’est déjà un miracle si elles ont lieu après des années de tergiversations et de tensions entre forces libyennes sous couvert de bras de fer entre puissances régionales (Turquie, Égypte, Émirats arabes unis, Congo Brazzaville, Maroc…) et mondiales (la Russie, les États-Unis, l’Italie et la France).

    Dix ans après la chute de Mouammar Kadhafi à la suite du soulèvement du peuple libyen et de l’intervention des Nations unies, largement à l’initiative de la France, une lueur d’espoir se lèverait-elle dans le désert libyen ?

    Le corps électoral est évalué à près de 3 millions d’électeurs. Mais les élections auront-elles lieu dans de bonnes conditions ? Les organisations de défense des libertés, comme Human Rights Watch, interpellent les participants du Sommet de Paris : “les autorités libyennes peuvent-elles garantir des élections sans coercition, discrimination et intimidation des électeurs, des candidats et des partis politiques ? […] Existe-t-il un plan de sécurité solide pour les bureaux de vote ? Le système judiciaire est-il en mesure de traiter rapidement et équitablement les litiges liés aux élections ? Les organisateurs des élections peuvent-ils garantir que des observateurs indépendants auront accès aux bureaux de vote, même dans les zones reculées ?”

    Les grands de ce monde risquent aussi de ne pas avoir les mêmes priorités : la vice-présidente américaine aura beau jeu d’insister sur le sort alarmant des migrants, demandeurs d’asile et autres réfugiés en Libye ou passant par la Libye. Facile pour Madame Harris car ce ne sont pas les États-Unis qui ont à gérer cette pression migratoire. Certes, les violations des droits de l’homme sur le sol libyen y sont constantes et la communauté internationale devrait subordonner ses aides à la Libye au respect de ces libertés.

    Il est certain aussi que l’Europe a le plus grand intérêt à ce que la Libye retrouve les voies de la stabilité, condition pour mieux assurer évidemment la gestion sur place, et non sur nos côtes méditerranéennes, de ces dizaines de milliers de candidats à la migration vers le nord. Sans parler des enjeux pétroliers. En période de crise énergétique mondiale, le sol libyen est l’objet de convoitises incessantes.

    Stabilité, disions-nous ? Parlons-en justement ? Car c’est la clé de l’avenir de la Libye. 

    Or qui sera candidat à la présidence de la République libyenne ? Le dépôt des candidatures a débuté lundi 8 novembre. La commission électorale libyenne et son président Emad al-Sayeh ont annoncé que les candidats à la présidence ont jusqu’au 22 novembre pour se déclarer, ceux aux législatives jusqu’au 7 décembre.

    ET surtout qui a le plus de chance de gagner ? 

    Le maréchal Khalifa Haftar, l’homme de Benghazi, soutenu par les Émirats arabes unis et l’Égypte, va certainement se déclarer rapidement. Il a renoncé depuis septembre au commandement de l’Armée nationale libyenne pour préparer la présidentielle. 

    Le Premier ministre libyen Abdel Hamid Dbeibah devrait aussi se présenter.

    Mais ces acteurs, connus de la scène internationale, sont, dans l’esprit des citoyens libyens, associés à une décennie d’anarchie et de violences incessantes. C’est pourquoi, grand paradoxe de la situation (ruse de l’histoire ?), le grand favori est peut-être celui qui porte le nom de son père et auquel sont associées, certes des décennies de dictature, mais aussi de stabilité et de prospérité du peuple libyen ! Kadhafi est en train de se faire un prénom : Saïf al-Islam.

    Et selon nos informations, Saïf al-Islam Kadhafi devrait annoncer sa candidature d’ici la fin de la semaine. Selon plusieurs observateurs attentifs du dossier libyen et surtout des Libyens que nous avons pu joindre sur place, il se passe en Libye ce que se passe en Tunisie : l’anarchie, l’effondrement économique, les attentats conduisent les citoyens à regretter les années Ben Ali et Kadhafi. Les droits de l’hommistes européens s’en offusqueront mais l’impérieux désir, besoin et droit légitime à la stabilité, condition du développement, de l’éducation, de la prospérité, du respect de l’environnement et de la gestion des flux migratoires, va peser lourd dans l’isoloir de chaque votant le 24 décembre en Libye.

    N’en déplaise à Paris, le nom Kadhafi est associé à cette perte de stabilité dans l’esprit des Libyens. Et Saïf al-Islam, le libéral du régime sous les années de son père, pourrait bénéficier d’une rente historique insoupçonnée qui pourrait l’aider à l’emporter le 24 décembre.

    Si l’élection a bel et bien lieu dans six semaines, le père Noël à Tripoli aura peut-être un nom connu de tous…

    Michel Taube


    Source : https://www.opinion-internationale.com/2021/11/11/saif-al-islam-kadhafi-sur-le-point-dannoncer-sa-candidature-sera-t-il-le-favori-de-la-presidentielle-en-libye-ledito-de-michel-taube_96230.html