Faune sauvage – Un loup a passé une journée à Genève
C’était à prévoir. Mais pas forcément à craindre, nuance… Un loup a été aperçu le 14 décembre dans la région de Jussy, et sans doute aussi vers Corsier. Après une absence de cent cinquante ans à Genève, c’est la deuxième fois en moins d’un an que l’on signale la présence d’un tel canidé dans le canton. La première, c’était en janvier dernier, dans la nuit du 7 au 8. L’animal avait été filmé par un piège photographique, dans les bois de Jussy. Mais ce mardi, ce sont des promeneurs qui l’ont observé en plein jour.
«Des particuliers nous ont en effet envoyé quelques photos et vidéos, confirme Luc Rebetez, garde de l’environnement. Ce loup a probablement passé la journée à Genève, avant de repartir. Il a sans doute traversé le village de Jussy, au vu des images que nous avons reçues. Des gens l’auraient aussi aperçu tôt dans la matinée au bord du lac, du côté de Corsier.» Cette présence-là n’est pas encore avérée, «mais selon les descriptions qu’ils nous ont données, il est probable qu’il s’agisse d’un loup.»
Sauvage mais craintif
«Si on la laisse faire, la nature fait montre d’une incroyable résilience, et c’est plutôt positif», relève Willy Geiger. Aujourd’hui retraité, l’ancien vice-directeur de l’Office fédéral de l’environnement s’est beaucoup investi en faveur du loup, notamment lors de dernières votations. Il le dit volontiers, «cet animal souffre du syndrome du Petit Chaperon rouge. Mais s’il est là, à Genève, particulièrement en hiver, c’est surtout parce que ses proies – essentiellement des ongulés sauvages surtout s’il est en meute – descendent en plaine, poussées par la neige, et il les suit. Dès lors, il n’y a rien de diabolique dans son comportement, même si sa présence doit être suivie et documentée.»
Quel est-il, ce comportement? Le biologiste l’évoque: «Le loup est un carnivore. Animal intelligent, il se déplace pour trouver sa subsistance, et elle ne manque pas, même aux alentours d’un territoire urbain. C’est aussi un opportuniste. Un peu comme nous, d’ailleurs. Si le frigo est plein, on ne va pas au magasin! C’est pour cela qu’il peut s’attaquer à des moutons. Doté d’une grande résistance, il peut parcourir de très longues distances et rester plusieurs jours sans se nourrir.»
Selon Willy Geiger, les individus aperçus à Genève cette année sont probablement «en phase initiale de dispersion. Il doit s’agir de jeunes qui quittent leur meute à la recherche d’un nouveau territoire, car leur idée est de se reproduire.» L’animal est aussi curieux, mais peureux et discret. «Il peut traverser un village sans que l’on s’en aperçoive.» Sa présence n’est malgré tout pas anodine, «car il peut faire des dégâts. Il y a donc un équilibre délicat à trouver entre protection et éventuellement tirs de régulation, en fonction de critères précis.»
Bons comportements à adopter
Le comportement du loup est une chose, celui des humains face à ce prédateur en est une autre. La RTS rapportait jeudi que dans les Grisons, il y a quelques jours, une meute a traversé le chemin qui mène à l’école de Masein, dans la région du Piz Beverin. Canton, Commune et école ont publié une feuille d’information comprenant les règles à adopter.
Aucune meute n’a été observée à Genève, canton très urbain au contraire des Grisons. Cela n’empêche pas d’observer de bons comportements face à des loups isolés. «Dans la majorité des cas, l’animal s’éclipse à la vue d’un humain, indique Luc Rebetez. S’il semble trop curieux, il faut nous le signaler. Face à un loup, on doit faire du bruit, par exemple taper dans les mains, ne pas aller vers lui et lui laisser un espace de fuite. S’il se sent acculé, l’animal peut devenir agressif. Et il ne faut surtout pas le nourrir – la règle vaut d’ailleurs pour n’importe quel animal sauvage – car sinon, il peut s’habituer à l’homme et développer des comportements déviants.»
Entre chien et loup
Enfin, Luc Rebetez souligne que «le plus grand enjeu concerne les promeneurs de chiens, car le loup peut prendre ces derniers pour des concurrents. Dès lors, il faut immédiatement rappeler son chien, le mettre en laisse et rester près de lui.» Chien et loup sont en effet de lointains cousins, et il est même parfois compliqué, selon les races, de différencier l’un de l’autre, même si «le loup n’a évidemment pas de collier, sa démarche est plutôt basculante et il a un comportement craintif face à l’homme», rappelle le garde de l’environnement.
Source : https://www.tdg.ch/un-loup-a-passe-une-journee-a-geneve-261506079760