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Force est de reconnaître que, sur la forme, Gabriel Attal est assez bluffant : très à l'aise dans ses interventions, ayant manifestement potassé ses dossiers, décontracté et affable avec ses interlocuteurs. D'aucuns ont ricané de voir ses fiches posées sur une botte de foin. Soit. Mais un pupitre aurait été encore plus ridicule.
Sur le fond, c'est une autre affaire. Il était prévisible que sa panoplie de mesures d'urgence ne suffirait pas à éteindre la colère des agriculteurs. On pouvait aussi s'attendre à voir le leader du mouvement, Jérôme Bayle, cloué au pilori par une partie des protestataires lui reprochant sa trop grande connivence avec le Premier ministre. La médiatisation attise toujours les jalousies.
Le nœud du problème est qu'une large partie de la population ne fait plus confiance aux beaux parleurs de la politique, qui ont trop souvent trahi leurs promesses, et ne supporte plus l'arrogance qui caractérise trop souvent la Macronie depuis sept ans. On nous avait vendu l'idée d'un Nouveau Monde débarrassé des lourdeurs administratives et des mentalités poussiéreuses ; nous avons récolté une technocratie encore plus kafkaïenne et bornée qu'autrefois.
Les agriculteurs envisagent désormais de bloquer Paris. Sans doute est-ce la seule solution pour obtenir gain de cause.
Souhaitons qu'ils ne dégradent pas l'espace public et ne se livrent pas à des actions qui pourraient entacher le soutien massif de l'opinion dont ils bénéficient.
Toutefois, si jamais ils se retrouvaient dans l'obligation de se délester de quelques kilos de lisier, je connais un endroit idéal, spacieux, grouillant d'écolos du dimanche qui rêvent de transformer la capitale en forêt géante, situé place de l'Hôtel de Ville.