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Röpke, l’économiste qui voulait dépasser l’offre et la demande

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    Le fondateur de l’ordo-libéralisme, un courant qui vise à créer les conditions-cadres permettant la concurrence libre, était opposé au capitalisme de laissez-faire cher à Adam Smith, celui de l’ordre spontané et de la main invisible. Il préférait une voie médiane qui intègre un filet de sécurité sociale, selon Richard Ebeling, professeur d’éthique à l’école de management «The Citadel», aux Etats-Unis. Le penseur allemand, cofondateur de l’Institut du Mont Pèlerin qui allait donner naissance au néo-libéralisme, s’est toujours inquiété de la déshumanisation de la société. Il ne considérait l’économie que dans ses relations avec la société.

    Un fort impact sur la Suisse

    Wilhelm Röpke est né près de Hanovre en 1899. Professeur d’économie à 24 ans, le plus jeune d’Allemagne, il fut très tôt confronté aux totalitarismes, qu’ils soient communiste, fasciste ou nazi. Dénonçant la politique national-socialiste et sa brutalité, il perdit son emploi et fuit en Turquie puis, dès 1937, à Genève pour y enseigner à l’Institut Universitaire de Hautes Etudes Internationales (IUHEI), aujourd'hui l'IHEID. Il y resta 30 ans. «Lors de ses cours, passionné et détaché de l’objectivité scientifique, il y avait de l’électricité dans l’air», a indiqué Richard Ebeling.

    Ses écrits ont été nombreux. Aux côtés d’ouvrages, comme «Civitas Humana», il publia ses analyses dans la Gazette de Lausanne ainsi que la NZZ. Son impact a été majeur tant en Suisse qu’en Allemagne. Pour Pierre Bessard, directeur de l’Institut Libéral, «si la Suisse est l’économie la plus libre d’Europe et si elle a si bien résisté au centralisme en vigueur en Europe, c’est aussi grâce à Wilhelm Röpke et à celui qui l’a invité à Genève, le libéral William Rappard, fondateur de l’IUHEI».

    Défenseur d’un libéralisme défini par son ouverture et sa tolérance, Wilhelm Röpke a toujours été critique à l’égard de l’intervention de l’État, parce qu’elle crée un risque de déshumanisation des relations sociales. «Avec l’augmentation de la taille de l’État providence, la redistribution réelle ne se fait pas de Pierre à Paul, mais de Pierre à l’État, et c’est ce dernier qui définit qui reçoit et combien», a déclaré Richard Ebeling. Sa critique de l’État n’était donc pas économique, mais éthique. La politique sociale étatique détruit, à son avis, la classe moyenne et les modes de coopération volontaire entre individus et petits groupes. Les valeurs défendues par Wilhelm Röpke étaient celles de la bourgeoisie, celles de liberté, de responsabilité, de fidélité et leur ancrage dans la famille, la religion, la communauté.

    Cet avocat de l’État minimum, aurait aujourd’hui critiqué l’UE et son intégration sous la contrainte, préférant une forme d’association flexible entre pays membres, a ajouté Richard Ebeling.

    Libéral sans aucun doute, Wilhelm Röpke était, sous maints aspects, également un conservateur. Pessimiste à l’égard de la modernité, de l’industrialisation, de l’urbanisation et adversaire des grandes compagnies, il cherchait à préserver les valeurs d’antan. Mais, selon Tim Petersen, chercheur à l’Institut Röpke, «c’était un utopiste rétrograde dans la mesure où les valeurs qu’il voulait conserver n’ont jamais existé». Il était aussi conservateur par son opposition au droit de vote des femmes. Pourtant, les conservateurs eux-mêmes ne l’appréciaient guère, tant il était favorable au libre échange et critique à l’égard de l’État, écrit Gerhard Schwarz, ex-directeur d’Avenir Suisse, dans la NZZ.

    Lire dans les archives:

    L’annonce du décès de Wilhelm Röpke


    Source : https://www.letemps.ch/opinions/ropke-leconomiste-voulait-depasser-loffre-demande?utm_medium=partage-social&utm_source=facebook