Chronique d’un budget funèbre – Telegraph
Catégories: France
Prologue : L’hémicycle en ébullition
L’Assemblée Nationale, ce miroir brisé de la République, a offert hier un spectacle digne des tragédies antiques. Sous les ors fatigués du Palais Bourbon, les présidents de groupes politiques ou leurs émissaires ont défilé à la tribune, portant tour à tour les masques de la vertu, de la compromission ou de l’aveuglement volontaire. Deux motions de censure, déposées par La France Insoumise (LFI) contre le budget 2025, servaient de prétexte à cette mascarade. Mais derrière les joutes verbales, une vérité plus sombre se dessine : l’usage répété du 49.3 par François Bayrou, tel un metteur en scène épuisé, révèle moins la force d’un gouvernement que la déliquescence d’un système, le tout dans un hémicycle quasi vide, les députés devaient tous avoir piscine.
Acte I : Les incantations de la révolte
Les Insoumis, arque boutés dans leur rôle de tribuns, ont brandi l’étendard de l’austérité. « Le budget le plus sévère depuis vingt-cinq ans ! », clament-ils, accusant Emmanuel Macron et Bayrou de précipiter la France dans les ténèbres. Leur rhétorique, martelée avec la régularité d’un tocsin, se nourrit d’une colère légitime — celle d’un peuple étranglé par l’impôt — mais se perd dans les sables mouvants de l’opportunisme. Car leur véritable projet, moins économique que messianique, se résume à une litanie : « Macron doit partir », Mélenchon le sauveur doit le remplacer ! Las ! Leurs propositions, aussi creuses que bruyantes, évoquent moins un programme qu’un exorcisme. Leur vision sécuritaire, teintée d’angélisme autoritaire, promet non la concorde mais la fracture, allumant les braises d’une guerre civile dont ils feignent d’ignorer le souffle. Quant à leurs propositions de budget, c’est open bar pour tout le monde, une catastrophe.
Acte II : Les chuchotements des pragmatiques
Viennent ensuite les Socialistes, fantômes d’un passé, souvent peu glorieux, qui psalmodient leur refus de la censure « pour la stabilité ». Leur discours, enveloppé dans le linceul du réalisme, dissimule mal les tractations souterraines. Bayrou, ce Janus moderne, a su leur offrir — dans l’ombre des couloirs — les miettes nécessaires à sa survie. Le « Hell’s Kitchen » de la politique française, comme l’appelle avec délice l’auteur de ces lignes, mijote ici ses ragoûts les plus fades : des promesses échangées contre des silences, des postes contre des votes. Le Parti Socialiste, jadis porteur d’espérances pour certains dont je ne me reconnais pas, n’est plus qu’un notaire de l’immobilisme.
Les Républicains (LR), quant à eux, jouent la partition de la « responsabilité ». Le budget est mauvais ? Sans doute. Suicidaire ? Assurément. Mais voter la censure reviendrait à « jeter l’ancre en pleine tempête », argumentent-ils, préférant le naufrage programmé au chaos immédiat. Derrière cette posture se cache une guerre dynastique : Retailleau contre Wauquiez, deux prétendants au trône de 2027, qui calculent chaque geste à l’aune de leurs ambitions. La France, dans ce jeu d’échecs, n’est qu’un pion.
Acte III : Le Prophète et les Aveugles
Parmi ces voix discordantes, une seule résonne avec la clarté du cristal : celle de Charles de Courson. Le député centriste, tel Cassandre, dénonce sans relâche les dangers du budget — augmentation des dépenses publiques de 40 milliards, croissance fantôme à 0,9 %, dette abyssale. Ses mots, précis et tranchants, font écho aux analyses de Marc Touati, cet économiste persécuté pour avoir déchiré le voile des chiffres officiels. Ensemble, ils révèlent l’imposture : sous couvert d’austérité, l’État s’engouffre dans un délire dépensier, finançant chaque euro d’économie par neuf euros de dette. Le vrai visage de ce budget ? Un suicide à crédit, où les classes moyennes paieront l’addition tandis que les plus riches fuiront vers des cieux fiscaux plus cléments, tout comme nos plus grosses entreprises, dont on ne saurait que trop leur conseiller d’agir de la sorte. Quant aux petites, celles qui ne peuvent se le permettre, souvent pour des raisons légitimes, s’appliquera alors cette bonne vieille maxime romaine : « Vae victis », malheur aux vaincus !
Acte IV : Le silence des complices
Et les autres ? Les Verts, « plus catholiques que le pape », brandissent l’étendard du Pacte Vert Européen, autre mirage coûteux, financé par la commission européennes des lobbies opaques, en charge de faire voter au parlement européen ce fameux pacte, qui aujourd’hui encore ne cesse de précipiter la France dans un abîme économique dont elle ne eut que perdre le combat face à des américains menés tambour battant par un président qui, lui, ne travaille que pour son pays, abstraction faite des dégâts que cela causera aux autres, là encore malheur aux vaincus. Le Rassemblement National, lui, grogne en chœur contre le budget mais se garde bien d’agir, préférant cultiver son statut d’opposant perpétuel responsable en vue de 2027. Quant à la majorité présidentielle, elle navigue en eaux troubles, entre psychopathie avérée d’un chef d’État, se rêvant un jour en Napoléon, l’autre en Jupiter, et, bassesses d’un Premier Ministre prêt à toutes les capitulations pour satisfaire son égo de rester le plus longtemps possible sur son trône, l’aboutissement de sa carrière dont la gestion de sa ville est à l’image de ce qu’il réserve à la France.
Épilogue : La comédie des masques
Alors, pourquoi ce refus général de censurer un budget mortifère ? La réponse se niche dans l’ADN même de cette classe politique, devenue une caste. Les députés ne travaillent plus pour le peuple, mais pour leur carrière, leurs prébendes, leur survie dans l’arène médiatique. La « stabilité » invoquée n’est qu’un leurre : elle sert à masquer la peur panique de perdre des privilèges, des postes, des réseaux.
L’exemple du gouvernement Barnier, censuré pour un budget similaire, en dit long sur l’hypocrisie du système. Hier comme aujourd’hui, les mêmes erreurs sont commises, mais les coupables changent de costume. Bayrou, stratège machiavélique, a compris que l’Assemblée dissoute en 2024 était une coquille vide, manipulable à souhait. Macron, en psychopathe froid, joue avec les institutions comme un enfant avec des allumettes.
Le Naufrage et les « Moujons »
La France sombre, lentement, irrémédiablement. Ses dirigeants, arc-boutés sur leurs certitudes, préfèrent les mensonges rassurants aux vérités douloureuses. Le peuple, transformé en « moujons » — moutons-pigeons —, regarde, impuissant, le navire prendre l’eau, pendant que le couple 14-39 continue de jouer sa partition sur le pont. Ce n’est pourtant pas le France qui coula, mais bien le Titanic, à moins que dans la réalité parallèle qui semble habiter cette caste, cela ne soit le France, qui sait ?
Mais dans les profondeurs de cette crise, une lueur persiste : celle de l’éveil citoyen. Car si les politiques ont renoncé à leur rôle, il revient aux Français d’exiger des comptes, de refuser la fatalité. Peut-être alors, dans la tourmente, renaîtra-t-il une démocratie digne de ce nom — une démocratie où les responsables assumeront leurs actes, où les budgets ne seront plus des actes de foi aveugle, mais des projets de vie.
En attendant, le rideau tombe sur un acte de plus de cette tragi-comédie. Et la question demeure : quand le public, enfin, sifflera la fin de la représentation ?
Source : https://telegra.ph/Le-th%C3%A9%C3%A2tre-des-ombres--Chronique-dun-budget-fun%C3%A8bre-02-06