Quand les éléphants du PS rampaient à l’ambassade américaine
Catégories: France, International
"Les documents révélés par Wikileaks montrent en effet que les « éléphants » de la rue de Solférino étaient des habitués de l’ambassade des États-Unis à Paris et y tenaient des propos d’une extrême complaisance à l’égard de Washington, jusqu’à critiquer la position de la diplomatie française à la veille de la guerre d’agression contre l’Irak en 2003."
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Extrait de l'enquête de BLAST, Le souffle de l'info :
"La volonté de montrer patte blanche à Washington est tellement appuyée qu’on ressent de la gêne à la lecture du télégramme.
Plus embarrassant encore, l’eurodéputé Pierre Moscovici s’était entretenu quelques jours plus tôt avec la néoconservatrice forcenée Victoria Nuland, alors représentante permanente des États-Unis auprès de l’Otan. Il vaut la peine de citer un large extrait du télégramme rendant compte de cette rencontre qui a eu lieu le 29 mai 2006 à Bruxelles, siège à la fois de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord et de l’Union européenne :
« Moscovici a affirmé que la direction du PS était favorablement disposée à l’égard des États-Unis et a décrit le PS comme étant en fin de compte moins anti-américain que Chirac. Bien qu’il soit susceptible d’être plus dur sur les questions de principe, il a estimé que le PS serait plus souple dans la pratique. Il a dépeint Chirac comme un dogmatique qui s’est trop plié à l’opinion nationale [sic] et l’a accusé d’avoir activement travaillé contre les États-Unis dans la période précédant la guerre en Irak et d’avoir menacé de mettre son veto “trop tôt”, avant que l’ONU n’ait eu l’occasion d’explorer toutes les voies possibles. Bien que le PS soit également opposé à la guerre en Irak, il a soutenu que, contrairement à Chirac, il n’aurait pas non plus rompu le dialogue avec les États-Unis. Moscovici a affirmé que, historiquement, c’est lorsque la gauche était au pouvoir que les relations entre la France et les États-Unis avaient été les plus fortes, principalement parce que le PS n’adoptait pas certaines attitudes négatives à l’égard des États-Unis. Le PS, a-t-il dit, fondera ses relations avec les États-Unis sur une analyse froide plutôt que sur l’émotion, en tenant compte des valeurs fondamentales que partagent l’Europe et l’Amérique. »
Au moment où le secrétaire national aux relations internationales du PS tient ces propos, la guerre soutenue par la fauconne Victoria Nuland a déjà coûté la vie à plusieurs centaines de milliers d’Irakiens (l’armée US dévastait par ailleurs l’Afghanistan depuis 2001, une intervention qui avait évidemment le plein aval de la diplomate). Mais défions-nous de « l’émotion » et enorgueillissons-nous des « valeurs » partagées...
Pierre Moscovici est aujourd’hui premier président de la Cour des comptes, nommé par Emmanuel Macron, après avoir été ministre de l’Économie et des Finances sous la présidence de François Hollande, puis commissaire européen aux Affaires économiques et financières, à la Fiscalité et à l’Union douanière au sein de la commission Juncker. Gageons qu’il a ferraillé dur avec Washington dans ces fonctions."
Source : https://www.blast-info.fr/articles/2025/revelations-blast-wikileaks-quand-les-elephants-du-ps-rampaient-a-lambassade-americaine-pJH_l_5CTcOe7goWT_okkQ