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Affaiblir un peu plus l’Etat et la France.

     

    Affaiblir un peu plus l’Etat et la France.

    Emmanuel Macron va annoncer la suppression de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) et s’offrir ainsi, à bon compte, l’image d’un « progressiste ».

    Le Premier de Cordée en chef aura ainsi son moment « populiste » en faisant semblant de s’attaquer à une technocratie de plus en plus honnie par le peuple.
    Pourtant, il est un pur produit de cette élite : énarque, banquier, néolibéral et européiste fanatique, culturellement plus Américain que Français et dont le modèle de société est celui de Margareth Thatcher et de Ronald Reagan.
    Ce modèle, c’est celui d’une Nation désorganisée et d’un Etat incapable d’agir (comme chacun peut le voir avec la gestion calamiteuse de la crise de la COVID-19) ; c’est le modèle d’une société désorganisée et privée d'un Etat régulateur capable d'assurer la redistribution de la richesse produite et de contraindre les plus riches à participer au bien commun. C’est le modèle d’un monde régi par des instances supranationales – OMC, FMI, Union européenne, OTAN, traités de « libre-échange » - au détriment des institutions de la Nation.

    Emmanuel Macron, qui aura accru les inégalités sociales plus que tout autre Président de la République, s’offre ainsi un ersatz de « justice sociale » en faisant mine de lutter contre une école qui n’ouvrirait pas assez ses portes aux jeunes Français les plus modestes.

    Tout cela est bien évidemment faux et n’est que pure communication.

    Le problème ce n'est pas l'ENA, mais l'enseignement qui y est prodigué depuis 30 ans : fanatiquement néolibéral, européiste jusqu’à l’absurde, atlantiste à l’excès et beaucoup trop en phase avec la finance internationale, les grandes banques et les multinationales, plutôt qu'avec les intérêts de la Nation et du peuple.
    Je connais quelques énarques qui ont dû apprendre à mentir, apprendre par cœur la doxa du libéralisme économique pour réussir le concours, et passer trois ans à faire semblant d’être ce qu’ils ne sont pas. De véritables infiltrés.
    Le problème de l’ENA, c’est également le manque d’expérience de vie dans la société de la plupart des candidats, dont très peu ont travaillé avant de rejoindre les bancs de cette institution.
    Le problème de l’ENA, c’est également de donner trop de responsabilité à la sortie de l’école à des gens trop jeunes, même s’ils sont brillants. Arnaud Montebourg en a bien parlé dans son dernier ouvrage « L’Engagement » en comparant l’ENA et l’école militaire de Saint-Cyr : à la sortie de la première, on est immédiatement aux commandes et très haut gradé ; à la sortie de la seconde, on est sous-lieutenant et on se prépare à une lente mais nécessaire ascension des échelons, fruit de l’expérience. L’une donne immédiatement toutes les responsabilités et créé des princes, l’autre met en place l’apprentissage des responsabilités.

    On ne va donc pas regretter cette ENA-là dont Macron est un produit chimiquement pur.
    Et pourtant l’ENA a une belle histoire, bien que méconnue, et pourrait être réformée intelligemment dans l’intérêt de la France.

    Une belle histoire ? L’ENA est une conséquence directe du programme des « Jours Heureux » du Conseil National de la Résistance (CNR) et un exemple d’union nationale tant elle est le produit de la France gaulliste et de la France communiste, la France de la résistance.
    C’est le général de Gaulle, président du gouvernement provisoire de la République française, qui, en octobre 1945, crée par ordonnance l’Ecole Nationale d’Administration. Un beau nom qui invite à voir dans cette école - car la France est aussi héritière des institutions romaines - le début du Cursus Honorum.
    Mais cette ordonnance est la conséquence du travail de la « Mission provisoire de réforme de l’administration » dont le responsable n’était autre que Maurice Thorez, vice-président du Conseil et surtout secrétaire général du Parti Communiste Français.

    Je dis plus haut qu'on ne regrettera pas cette ENA-là. Et pourtant, si : quelles que soient ses dérives actuelles, on regrettera rapidement l’ENA, car ce qui, demain, remplacera cette grande école sera bien pire.
    Emmanuel Macron suit à la lettre le programme dévoilé par un Denis Kessler, ex N°2 du MEDEF qui déclarait que l’objectif était de déconstruire tout ce que le CNR avait mis en place. Emmanuel Macron le fait déjà fort bien en cassant le code du travail, les logiques redistributives de l’assurance chômage ou en sabordant la retraite par répartition au profit de ses amis les grands financiers - Larry Fink, PDG de Black Rock, en premier lieu.
    On verra la forme communicationnelle que cela prendra, mais le but est clair : dissocier encore plus la haute fonction publique des intérêts de la Nation, sûrement « l’ouvrir au monde » en incitant à des formations croisées en « MBA » anglo-saxons et autres formations qui ne produisent que des béni-oui-oui des « lois du marché ».
    Emmanuel Macron nous vend du « progressisme », ce sera en fait une régression accélérée vers le 19e siècle et une société toujours plus fragmentée et dangereuse.

    On aurait pu imaginer autre chose, une autre ENA, et c’est ce que nous proposons à République souveraine .
    Modifier effectivement le recrutement, pour le rendre non pas plus « facilement accessible » - ce doit rester une école formant la future élite (au sens positif) de l’administration française – mais plus ouvert, et surtout rendre impératif le fait d’avoir eu des expériences de travail dans le monde réel avant de postuler.
    Ensuite, appliquer le principe de Saint-Cyr : cursus honorum et passer les étapes au lieu d’être immédiatement aux manettes.
    Alterner gestion de l’Etat et stages obligatoires dans les PME et TPE, sur les postes productifs des grandes entreprises publiques ou dans des associations d’intérêt public œuvrant auprès des Français les plus démunis.
    Surtout, interdire le pantouflage, c’est-à-dire la possibilité pour un haut fonctionnaire d’aller travailler au service du privé (et surtout des banques et de la finance mondialisée, comme Emmanuel Macron) : quand on décide de servir la France et ses concitoyens, c’est un sacerdoce – imagine-t-on des officiers français allant servir comme mercenaires, puis revenir au sommet de l’armée française ? Non ! Il doit en aller de même avec le service civil de l’Etat.
    Et enfin, modifier l’enseignement et le libérer du carcan du libéralisme économique et de la doxa de l’organisation supranationale du monde, en l’occurrence apprendre à défendre l’intérêt national, même s’il est hors de l’Union européenne ou d’une alliance atlantique dont on voit mal en quoi elle profite à la France.

    Voilà ce que tout gouvernement soucieux de l’intérêt de la Nation et des Français devrait faire avec son école de la haute administration.


    Source : https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=10159408899322147&id=537772146