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Signet Loupe

Charles Rojzman / 10/02/2019

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    Ecrit dans les débuts des "gilets jaunes" : Au fur et à mesure que se rapproche l’échéance de samedi prochain, l’hystérie collective s’étend et touche désormais pratiquement de nombreux habitants de ce pays. Les ennemis se révèlent, les paranoïas se réveillent, avec leur cortège de discours incendiaires, à teneur souvent complotiste. Les « gilets jaunes » véritables sont désormais pris dans le piège des extrémismes de droite et de gauche, à moins d’un réveil peu probable de ce cauchemar.

    L’origine proche de ce désastre, on la connait. Elle part d’une colère légitime d’une grande partie du peuple entraîné malgré lui dans une chute sociale et qui compare son sort précaire avec des privilèges étalés au grand jour. Mais on méconnait l’origine lointaine de ce désastre : ces dizaines d’années de ressentiments accumulés qui ont abouti à des haines, désormais clamées au grand jour. Les violences civiles que je pressentais depuis longtemps au vu des divisions du pays, manifestées d’abord à propos de la question de l’islam et de l’immigration, se sont tournées vers celui qui représente l’autorité suprême, le Président de la République. Rien de plus banal. Le premier pas vers la guerre civile, c’est la mise en cause du chef, surtout si celui-ci montre sa faiblesse. Or, ce garant de la solidité des institutions ne s’est pas montré à la hauteur d’une fonction qu’il a discrédité par ses errements caractériels et ses alliances fragiles ou ténébreuses.

    Les violences du quotidien, l’insécurité grandissante, la peur de perdre son identité culturelle ont donné le sentiment à beaucoup de gens qu’ils ne pouvaient plus changer leur destin et ce sentiment d’impuissance a été renforcé par le cynisme ou l’inconscience des pouvoirs.

    La suite des événements est incertaine. Beaucoup de choses dépendent de ce qui se passer samedi, en particulier de la capacité de l’Etat à faire face à toutes ces colères divergentes mais réunies pour l’occasion. La raison va-t-elle l’emporter sur les rêves chimériques d’un grand soir et permettre, en profitant de cette crise, la transformation de ce pays sur le moyen le long terme? Rien n’est moins sûr. Comme le dit Carl Gustav Jung: "En présence d'une situation donnée, la discussion basée sur des arguments de raison ne demeure possible et n'a de chances d'aboutir que tant que le potentiel émotionnel inhérent à la situation n'a pas dépassé un certain seuil critique. Dès que ce dernier est franchi par la température affective et l'émotivité, les possibilités et l'efficacité de la raison se trouvent anéanties; s'y substituent des slogans et des désirs chimériques et fumeux; c'est-à-dire que la raison fait place à une espèce d'état de possession collective qui se propage à la manière d'une épidémie psychique."


    Source : https://listed.to/uRi7skOA2v