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«Contre l’“islamophobie”»? ~ Je ne marche pas.

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    À part donner bonne conscience à celles et ceux qui y participeront, la seule fonction originale de la marche du 10 novembre sera d’entériner le terme « islamophobie ».

    Tel politicien annonce sa participation « même s’il n’aime pas le mot », telle organisation démocrate croit noyer le poisson en ajoutant « …et contre tous les racismes », telle féministe enfin confirme sa présence, mais se retire de l’appel. Elle ne veut pas voir son nom figurer auprès de celui d’islamistes censés être repentis, mais elle supportera leur proximité physique dans le cortège ! Constatation qui n’est pas nouvelle : le concept d’ « islamophobie » rend sot. C’est d’ailleurs un des buts recherchés par ses créateurs. Il n’est pas fait pour aider à penser ou même pour dénoncer, mais pour sidérer.

    Menée depuis quelques années, l’opération est d’une efficacité remarquable. Ainsi l’Union communiste libertaire, résultat de la fusion d’Alternative libertaire et de la Coordination des groupes anarchistes a pris grand soin de ne pas mentionner dans son manifeste l’aliénation religieuse parmi les phénomènes d’aliénation et de domination qu’elle combat. Cet « oubli » – en fait l’abandon d’un des socles de la pensée anarchiste – est destiné à pouvoir reprendre à l’aise et sans critique le concept d’« islamophobie ».

    Le passage le plus savoureux du texte d’appel à la manifestation du 10 porte précisément – pour en récuser l’intérêt – sur la question sémantique : « L’islamophobie en France est une réalité. Quel que soit le nom qu’on lui donne [etc.] » On peut lire sur le blogue « Les mots sont importants » que le terme « islamophobie » est pour les musulmans « l’un des instruments essentiels pour lutter contre la stigmatisation qu’ils subissent ». Il s’agit bien de faire admettre ce terme précis, en considérant comme acquis qu’il décrit la réalité de manière adéquate, et non n’importe quel autre.

    Il faudrait donc croire que les discriminations dont sont victimes, non pas « les musulmans », mais certain·e·s d’entre eux – les pauvres, les jeunes pauvres et les femmes pauvres (les émirs ne sont pas discriminés !) – ne relève pas du racisme, mais d’une haine particulière de leur religion supposée.

    Oui, parce que c’est le moment de rappeler que toutes les personnes originaires du Maghreb ne sont pas de confession musulmane, même si elles sont de culture musulmane. Personnellement, je suis baptisé, j’ai été au catéchisme, j’ai fait ma première communion. Je suis donc « de culture catholique » ; de plus je vis dans un pays de vieille tradition judéo-chrétienne. Ça ne m’empêche pas d’être antithéiste, et d’ailleurs de dénoncer les persécutions religieuses contre les chrétiens, en Égypte ou en Chine…

    Revenons à ce que l’on nous invite à croire : les discriminations contre les personnes identifiées, à tort ou à raison, comme « Arabes » ne seraient pas racistes mais « culturelles » ou « antireligieuses ». C’est se foutre du monde ! Bien sûr que la « peur de l’islam », sens originel d’« islamophobie » sert à certaines personnes et groupes politiques de masque présentable du racisme.

    « Quel que soit le nom qu’on lui donne… » dit l’appel. Eh bien j’appelle le racisme : « racisme ». Quant à l’islam comme religion, je n’ai pas plus de tolérance à son égard qu’à l’égard de toutes les religions, celle dans laquelle j’ai été élevé comprise.

    Edwy Plenel fait partie des signataires de l’appel. Il considère les musulmans comme des amis ; sa position a le mérite d’être cohérente. Les musulmans, j’entends par là ici celles et ceux qui sont croyant·e·s et non celles et ceux qui ont simplement baigné dans une culture musulmane sont-ils·elles mes ami·e·s ? Marx précisait justement : « Tout homme n’est pas mon frère ». Je l’ai déjà écrit dans ces pages, je vois mal comment je pourrais considérer comme ami·e celui ou celle qui pense que je mérite de brûler dans les flammes de l’enfer pour mon incroyance.

    Il se trouve que la sécularisation progressive de la société a pour conséquence que beaucoup de personnes ne peuvent tout simplement pas imaginer que d’autres puissent réellement croire que je vais brûler en enfer. En somme, ces imbéciles ne peuvent ou ne veulent pas croire à la croyance. Naïveté et ignorance également coupables.

    Ces personnes croyantes peuvent ne manifester aucune agressivité à mon égard dans la vie courante : elle pensent néanmoins réellement que j’irai en enfer. Il ne s’agit pas pour elles d’une métaphore. Dans leur esprit mon destin de merguez est absolument réel, aussi réel, « objectif » que le fait que le feu brûle par exemple. Et ce destin, elles le jugent réellement mérité.

    Est-ce que je peux considérer de telles personnes comme des « égales », des « ami·e·s », des « frères » et des « sœurs » ? Dussé-je être diagnostiqué « phobique » du barbecue, ma réponse est non.

    S’agit-il pour autant d’approuver ou de tolérer les discriminations à l’embauche, locative ou lors de sorties scolaires ou dans quelque circonstance que ce soit ? Bien sûr que non.

    Pour autant, si je défends le droit d’une mère de famille (de grâce cessez de nous parler des « mamans » !) à accompagner des enfants en sortie scolaire avec le foulard qu’elle a l’habitude de mettre sur ses cheveux, on ne me fera pas croire et je ne tenterai pas de faire croire à d’autres qu’il s’agit d’un signe de liberté. C’est un signe d’aliénation, dont le propre est précisément que la personne est persuadée de l’avoir choisi.

    Parle-t-on d’interdire révolutionnairement le visionnage d’émissions télévisées débilitantes ? Non. Peut-on en inférer que ce décervelage « choisi » doit échapper à la critique, qui serait nécessairement inquisitoriale (toujours les pauvres qui trinquent) ? Non.

    Pour en revenir à l’appel de la manifestation du 10, il y manque un aspect de la réalité, qui confirme qu’il ne s’agit nullement de lutter « contre le racisme sous toutes ses formes », comme le prétend in extremis sa conclusion, cet aspect c’est la guerre entre les racisé·e·s.

    Il est parfaitement légitime de dénoncer les agressions contre des mosquées ou des femmes voilées, mais pourquoi ne rien dire des discriminations qui visent les personnes noires de peau, les personnes de confession juive ou les roms ? Parce que ce jour-là c’est pour les musulmans ? Dimanche pour les musulmans, lundi contre l’antisémitisme, mardi contre la « négrophobie », c’est ça ? Et on oublie les roms comme d’habitude… Ou bien serait-ce parce qu’une partie non négligeable des agressions contre des personnes de confession juive est le fait de personnes au moins de culture sinon de confession musulmane ? Connaît-on des cas de juifs agressant des femmes voilées ? Ce sont des questions en passant…

    Je suis hostile à tous les racismes, à toutes les religions et à toutes les stratégies identitaires.

    « Contre l’“islamophobie”» ? Je ne marche pas.

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    Source : https://lignesdeforce.wordpress.com/2019/11/07/contre-lislamophobie-je-ne-marche-pas/