Emmanuel Moulin, ancien directeur général du Trésor, succédera bien à Alexis Kohler le 14 avril au poste de secrétaire général de l'Élysée, a confirmé l'Élysée jeudi 27 mars, après les révélations du Figaro. Le spécialiste du monde économique et financier, peu connu du grand public, forge le respect de ses pairs au regard de ses qualités de gestionnaire de crise. Qui est ce technicien qui occupera bientôt l'un des postes les plus stratégiques de la haute fonction publique ?

Un technocrate en politique

Après de prestigieuses études à Sciences-Po, l'ESSEC puis l'ENA, Emmanuel Moulin intègre la direction du Trésor en 1996 avant de rejoindre la Banque mondiale à Washington quatre ans plus tard en tant qu'administrateur suppléant. En 2003, il devient secrétaire général du Club de Paris – un « groupe informel de créanciers publics dont le rôle est de trouver des solutions coordonnées et durables aux difficultés de paiement de pays endettés » peut-on lire sur leur site – avant de rejoindre le cabinet de Christine Lagarde en 2007, alors ministre de l'Économie dans le gouvernement de François Fillon.

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Son expertise des questions économiques, Emmanuel Moulin l'a forgée au gré de crises successives et historiques, depuis celle des subprimes jusqu'à la pandémie de covid en passant par la crise de l'Euro. « Quand j'arrive quelque part, la crise n'est pas loin », a-t-il coutume de dire. L'homme de 56 ans fait son entrée dans la haute fonction publique en 2020 lorsqu'il prend officiellement la tête de la Direction générale du Trésor.

Un rocardien reconverti en sarkozyste

Emmanuel Moulin naît à Versailles et grandit dans la banlieue ouest de Bougival (Yvelines) dans une famille qui vote Mitterrand. Durant sa scolarité à Sciences-Po, à la fin des années 1980, le jeune rocardien préside le « club Opinions » dont sont également membres Édouard Philippe et Alexis Kohler, qui devient un ami intime d'Emmanuel Moulin. « On se prenait pour ceux qui allaient rénover la gauche en la modernisant », disait-il dans un entretien au Monde.

Il entame sa virée à droite lorsqu'il rejoint le cabinet de Christine Lagarde à Bercy en 2007 en tant que directeur adjoint de cabinet, jusqu'en 2009. Homme de droite, Emmanuel Moulin ? « Sarkozyste », selon le socialiste Pierre Moscovici, secrétaire national de l'époque, et dont Emmanuel Moulin était l'attaché de presse.

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Sa nomination en 2009 en tant que conseiller économiste du président de la République achève de l'installer dans le paysage politique. La fusion intellectuelle entre les deux hommes rapproche leur relation d'une véritable « bromance » – contraction de brother et romance – selon le journal Le Monde. « Ses amis disent qu’il a toujours mené la même politique, sous différents gouvernements, avec son logiciel social-libéral, “Sarko compatible” et macroniste avant l’heure. Ses détracteurs le considèrent plutôt comme “plastique” ou “opportuniste” », conclut Le Monde, dans un portrait qui lui était consacré au moment de sa nomination à la tête du Trésor.

Mais en 2012, l'échec de la réélection de l'ex-président amorce une petite traversée du désert pour Emmanuel Moulin, qui retourne alors vers le secteur privé. Emmanuel Moulin poursuit sa carrière de banquier chez Getlink (ex-Eurotunnel) puis en tant que directeur général France et Benelux de Mediobanca, une banque italienne.

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En 2017, Emmanuel Moulin est rappelé à la vie politique le jour de la passation des pouvoirs entre Emmanuel Macron et François Hollande. Jusqu'en 2020, il dirige le cabinet de Bruno Le Maire, nommé à la tête du ministère de l'Économie et des Finances. Quatre ans plus tard, alors qu'il officie au Trésor, il est rappelé à prendre la direction du cabinet du Premier ministre. Quelques semaines après la dissolution, il devient finalement inspecteur général des finances.

Bien qu'il ne soit pas un Marcheur de la première heure, Emmanuel Moulin est un fidèle du président de la République. Preuve de cette loyauté, Emmanuel Moulin a accepté ce poste de secrétaire général de l'Élysée, qui prendra fin en 2027, alors qu'il louchait sur le poste de directeur général de la Caisse des dépôts, libéré par Éric Lombard en décembre 2024 lorsque celui-ci a été appelé à Bercy.